Journaliste se faisant passer pour un propriétaire : "Si par exemple je veux préférer la communauté européenne, vous en tiendrez compte même sans trace écrite ? "

Agence Stéphane Plaza : "Oui, oui, oui." "imaginons quelqu'un qui vient de je ne sais pas d'où, je ne sais pas quel pays, du Maghreb, s'il a un dossier financier qui est excellent, je ne pourrai pas dire non pour la visite, néanmoins à la fin du système, je ne sélectionnerai pas son dossier".

La vidéo fait froid dans le dos tant les propos apparaissent sans aucun filtres. Le phénomène de discrimination raciale pour la sélection de dossier de locataire n'est certes pas nouveau à Paris.

Mais la dernière enquête menée conjointement par SOS Racisme et le site d'information Loopsider et son journaliste David Perrotin, livre des exemples concrets de manipulation et de manoeuvres illégales des principaux groupes immobiliers et de leurs agents.

"Ni noirs, ni arabes"

Pendant près d'un an, l'association SOS Racisme a testé plusieurs groupes immobiliers reconnus, parmi lesquelles, des agences de Stéphane Plaza. Le procédé, le testing inversé, est habituellement utilisé aux Etats-Unis. L'association et le journaliste David Perrotin se sont faits passer pour des propriétaires fictifs qui demandent aux agents immobilier de sélectionner des dossiers sur des critères raciaux.

L'enquête a ainsi testé dix agences par groupes immobiliers parmi lesquels on retrouve, entre autres : Era France, Guy Hocquet, Laforêt, Century, Orpi et Plaza immobilier.

Plus de 53% des agences immobilières testées, franchisées ou antennes du groupe, acceptent de pratiquer une discrimination raciale. D'après les résultats de l'enquête, c'est le groupe Era France qui aurait le plus accepté de discriminer les dossiers de locataires.

"Favoriser une communauté ? Bien sûr"

Pourquoi la méthode de testing inversée est ici pertinente ?

Le Président de l'association explique les raisons de ce mode d'investigation : "Lorsque vous êtes discriminé, vous pouvez très bien resté dans l'ignorance que la discrimination a existé et c'est pour cela que le rôle des professionnels en la matière est crucial".

"Est-ce que, moi propriétaire, je peux favoriser une communauté plutôt qu'une autre ?"

"Bien sûr, ne vous inquiétez pas".

Concernant l'un des tests des agences franchisées Stéphane Plazza, le résultat est tout de même à nuancer. L'agent refuse d'endosser le rôle de sélection en aval des dossiers mais recommande tout de même au bailleur fictif de sélectionner lui-même ses dossiers selon ses critères d'appréciation.

Cette pratique est pourtant interdite par la loi et l'article 225-2 du code pénal punit de 3 ans de prison et 45 000 euros d'amende le refus de fournir un bien ou un service pour des raisons discriminatoires.