Réduire de 50% la quantité de déchets à l’horizon 2025, c'est l'objectif que s'est fixé le ministère de la Transition écologique et solidaire avec sa loi de transition énergétique pour la croissance verte adoptée en juillet 2015. Plus que jamais, tous les acteurs de tous les secteurs doivent être mobilisés pour espérer faire souffler ce vent nécessaire pour notre planète.

Parmi ces acteurs, Tryon Environnement, une start-up française de moins de 10 employés. Ultra innovante, cette jeune pousse s'est imposée dans le milieu grâce à sa solution de gestion et valorisation des déchets.

En réalité, les biodéchets, ce sont simplement vos déchets alimentaires et d'autres déchets naturels, qui sont biodégradables.

Pour nous en parler, son co-fondateur Jimmy Colomies, répond aux questions de Blasting News, pour prendre part au projet BlastingTalks, qui consiste à se concentrer sur les challenges auxquels les compagnies font face lors de l’évolution du monde digital, les profondes transformations socio-économiques et lors de cette période inédite de crise sanitaire.

Si l'on vous demandait d'expliquer votre solution de méthanisation "pour les nuls ...", vous diriez quoi ?

C’est un peu ce qui se passe dans l’estomac d’une vache : un digesteur composé de bactéries naturellement présentes dans lequel on vient insérer les matières organiques pour les dégrader.

Cette dégradation va engendrer deux éléments : le premier, c’est un peu ce qu’on peut retrouver quand on fait du composte, ce qui va permettre un retour au sol de la matière organique. Le deuxième élément qui va être produit par cette transformation, c’est du biogaz composé à 60% de méthane. Il va pouvoir être valorisé sous forme énergétique soit en électricité et en chaleur par cogénération, soit en épuration et injection sur le réseau GRDF par exemple.

Notre concept a été réalisé à petite échelle pour réduire la logistique de collecte et limiter l’impact environnemental généré par cette collecte. Sous la forme de modules préfabriqués et standards, ils sont ensuite livrés sur un site assemblé et mis en fonctionnement assez rapidement.

En 2024, la loi française de transition énergétique imposera l’obligation du tri à la source et de valorisation des biodéchets pour les producteurs de moins de 10 tonnes par an.

Votre start-up a-t-elle finalement une bonne réponse à cette gestion massive des biodéchets ?

Oui depuis 2016, nous avons déjà tous les acteurs industriels qui sont sous l’obligation réglementaire de faire un tri et une valorisation de leurs déchets.

Notre objectif, c’est de pouvoir apporter une réponse rapide pour tous ceux qui seront également concernés par la loi transition énergétique en 2024. Notre offre vise essentiellement les opérateurs de déchets privés et publics pour leur fournir une solution à court terme sur la valorisation de ces déchets.

Comment Tryon a été impacté par la crise du Covid-19 ?

Nous avions eu la chance d’avoir réalisé une levée de fonds fin 2019 qui nous a permis de pouvoir "vivre sereinement" cette crise.

Maintenant, toute l’activité a été impactée puisque le fait d’être entré en état d’urgence sanitaire a généré le gel de toutes les démarches administratives (permis de construire, autorisations préfectorales etc.). Notre planning de projet a donc été décalé de trois à quatre mois.

La quantité produite de déchets par habitant et par an est de 536 kg selon Eurostat si on intègre en plus des déchets des ménages, ceux des collectivités et également une partie des déchets d'activité économique, qu'en pensez-vous ?

En entendant ces chiffres, on se dit qu’il faut à la foi s’investir dans la réduction des déchets, mais également dans leur valorisation puisqu’une partie des déchets ne peut être supprimée (épluchures…).

Les déchets organiques représentent un tiers de ce volume de déchets produits par habitant. Nous sommes bien conscients qu’il faudra sensibiliser fortement en amont les producteurs de manière à réduire cette quantité initiale.

Notre outil à petite échelle est un outil de communication et de sensibilisation dans des petites unités territoriales pour faire comprendre qu’on ne doit plus uniquement cacher les déchets dans une poubelle en la mettant le plus loin possible.

Le tri sélectif ne doit plus être vu comme une contrainte. Ainsi, nous avons mis en place un système de traçabilité et de transparence sur la gestion des déchets. Nous faisons remonter l'information une fois que le déchet est arrivé, sur les quantités de déchets qui ont été reçus et la valorisation que cela a permis (fertilisant, énergie renouvelable...) jusqu’au producteur pour qu’il ait une vision sur son impact environnemental.

Cela permet de mieux impliquer les gens dans la réalisation d’un bon tri sélectif.

La vague verte des élections municipales qui place des maires écologistes à la tête de grandes villes comme Lyon, Bordeaux, Strasbourg ou Marseille, c'est une bonne nouvelle pour des jeunes pousses comme la vôtre ?

Je pense que oui car ce sont des gens déjà sensibilisés à ces notions de ressources ou de gestion locale circulaire. Nous nous inscrivons totalement dans cette démarche donc c’est une très bonne nouvelle pour ouvrir des possibilités en termes d’implantation.

Maintenant, c’est un travail qui se fera sur la durée, pas uniquement sur un mandat. Il s’agira de faire remonter au niveau du gouvernement, qui lui aura la main pour des actions sur la durée.

La pandémie vous a-t-elle poussé à changer vos perspectives d'avenir ?

Forcément, on se rend compte que lorsqu’on a une crise de cette envergure, le tri sélectif est mis à l’arrêt dans beaucoup de territoires. Malgré ce genre d’événements, nous devrions être en mesure de continuer l’avancement de la mise en place de ce tri sélectif. Idéalement, il faudrait aussi avoir les dispositions suffisantes pour pouvoir continuer à mettre en oeuvre ce tri sélectif et la valorisation des déchets lors de nouvelles crises sanitaires.