Pendant cette crise inédite du COVID-19, la question de l'isolement des personnes âgées a été plus que d'actualité. Le gouvernement a mis en place un numéro vert national et un dispositif d'écoute psychologique. Les associations ont continué leur travail d'entraide, à distance. Mais c'est insuffisant pour les familles qui tirent la sonnette d'alarme. Récemment, l'humoriste Elie Semoun a publié un message poignant très partagé sur la toile. Le comédien a crié sa colère pour que l'on respecte plus nos aînés.

Une start-up basée en Gironde encourage les personnes âgées à rester à leur domicile grâce à un système de gardiennage.

Un soutien qui change radicalement de la maison de retraite ou des EhpadS. Cette plateforme met en relation ces personnes fragiles avec des étudiants motivés principalement issus du secteur de la santé. Entretien avec Quentin Zakoiann, le co-fondateur d'Ernesti, qui répond à quelques questions pour prendre part au projet BlastingTalks, qui consiste à se concentrer sur les challenges auxquels les compagnies font face lors de l’évolution du monde digital, les profondes transformations socio-économiques et lors de cette période inédite de crise sanitaire.

À l’origine Ernesti, qui est une société de garde de nuit par des étudiants en santé, c’est d’abord une histoire de famille, pouvez-nous la raconter ?

J’ai co-fondé Ernesti avec ma soeur jumelle Séverine qui était à l’époque en pleine étude pour devenir psychologue clinicienne. Via l’entremise de notre mère médecin, Séverine a accompagné des personnes âgées la nuit sur le même modèle que ce que l’on propose aujourd’hui avec Ernesti.

Vous proposez un lien intergénérationnel en mettant en relation un étudiant avec des personnes âgées.

Comment sont choisis les étudiants en questions ?

On propose exclusivement des profils d’étudiants en santé. Ils viennent de médecine, des soins infirmiers, kiné, pharma ou des orthophonistes. Ce qui nous permet d’accompagner les personnes en perte d’autonomie de la meilleure manière qu’il soit. On demande un ensemble de pièces justificatives en amont.

Ils doivent aussi réaliser une vidéo de présentation pour les présenter aux familles qui cherchent des étudiants en santé. Puis il y a une étape d’entretien avec Séverine pour vérifier ensemble tout le protocole d’accompagnement.

Le Coronavirus nous a rappelé qu'en Europe, nos pays étaient vieillissants. L’Italie, la France, l’Allemagne et l’Espagne sont des exemples parfaits de cette espérance de vie qui s’allonge. Le nombre des plus de 80 ans devrait être multiplié par 2,5 d’ici 2100 (source : Eurostat). C'est donc un secteur d'avenir ?

Evidemment. On se rend bien compte qu’aujourd’hui la population âgée préférerait rester chez elle plutôt qu’en maisons de retraite, en Ehpad etc. Tout l’enjeu se concentre donc dans ce secteur du maintien à domicile et il y a suffisamment d’innovations à faire pour faire bouger les choses.

Chez nous on accompagne jusqu’à la fin de vie dans 80% des cas. Nous sommes très contents de pouvoir d'évoluer sur ce secteur là.

Plus que jamais on l’a constaté dans cette crise du COVID-19 les personnes les plus gravement touchées sont âgées de plus de 65 ans. Elles présentent également davantage de comorbidités. Comment avez-vous surmonté cette crise aux côtés des seniors avec lesquels vous travaillez ?

La première étape a été de poser la question aux familles pour leur demander si elles voulaient continuer, si elles avaient peur etc. Le message quasi unanime c’est qu’elles allaient se retrouver dans une situation où elles devaient passer par des maisons de retraite ou une hospitalisation si leurs étudiants en santé arrêtaient de venir les nuits.

Nous avons donc pris la décision de continuer. En prenant bien sûr en compte toutes les directives du gouvernement. Même si les règlementations changeaient beaucoup nous n’avons heureusement pas eu de cas de Covid dans nos familles. Les étudiants en santé sont vraiment les mieux formés en France pour respecter ces gestes barrières et ils sont très sensibilisés sur ces questions là. Nous étions contents de pouvoir compter sur eux.

Avez-vous ressenti que les jeunes générations ont souhaité se rapprocher de leurs aînés après avoir vécu une situation d’éloignement comme celle du COVID-19 ?

Effectivement nous avons eu pas mal d’inscriptions des étudiants en santé pendant cette période. Les étudiants n’ont pas cessé de s’inscrire, c’était assez intéressant.

Aujourd’hui nous avons plus de 4000 étudiants sur notre plateforme. On ressent qu’ils sont hyper engagés pour gérer ces problématiques du grand âge. Quand ils font le choix de ces études c’est vraiment aussi parce qu’ils ont envie de garder ce lien avec les personnes âgées.

Vos perspectives ont-elles changé depuis février dernier ? Qu'est-ce qu'on peut attendre d’Ernesti pour 2021 ?

Chez nous chaque accompagné sera suivi en moyenne 5 nuits par semaine. On a l’habitude de limiter pour faire en sorte que les étudiants ne fassent pas plus de 2 nuits par semaine afin de ne pas les épuiser. Nous avons donc mis en place une cellule d’étudiants au chevet de chaque personne âgée. Cela a été un véritable facteur de réussite en terme de réactivité.

Les étudiants se remplaçaient entre eux ce qui permet d’assurer toutes les nuits. Nous sommes actuellement en train de pousser ce modèle là.

Pour comprendre le fonctionnement d'Ernesti c'est dans la vidéo ci-dessous :