Depuis le 25 mai 2018, tous les organismes publics ou privés traitant des données personnelles doivent être en conformité avec le Règlement général sur la protection des données (RGPD) Mais ce n’est pas une mince affaire. Entre ceux qui ne savent pas s’y prendre ou ceux qui s’y prennent trop tard, la mise en conformité RGPD est une tâche complexe pour les entreprises et associations. Pour les aider à se mettre en conformité en toute transparence et simplicité, une startup toulousaine propose de les accompagner.

Pour évoquer la solution proposée par cette startup dans le projet Blasting Talks, qui consiste à se concentrer sur les challenges auxquels les compagnies font face lors de l’évolution du monde digital et lors de cette période inédite de crise sanitaire, la parole a été donnée au président de Blockproof RGPD, Aquibou Doucouré.

Vous proposez un outil en ligne d’accompagnement juridique pour la mise en conformité RGPD. De quels constats étiez-vous partis pour cette création ?

La start-up a été créée en 2018. Auparavant, j’étais chef de projet dans un grand groupe et j’avais envie d’entreprendre. En 2018 j’ai participé à un meet-up sur le RGPD qui a été une bonne opportunité pour moi afin d’entreprendre car j’étais très intéressé par le numérique et le domaine de la protection des données.

Pour être en conformité avec la loi française en créant son entreprise plusieurs étapes sont à respecter notamment le règlement n° 2016/679, un règlement général sur la protection des données (RGPD). Pourquoi cette directive européenne est-elle si importante ?

Pour plusieurs raisons mais déjà car c’est une obligation légale. Avant tout, l'objectif du RGPD consiste à protéger la vie privée des citoyens de l’Union Européenne. Il s’agit donc pour une entreprise, de protéger ses clients et ses salariés. Malgré la manipulation autour des données à l’ère du numérique, la vie privée du citoyen reste ainsi préservée.

Malgré la crise du Covid-19, les créations d’entreprises ont augmenté de 0,4% en août 2020. On note 82.052 immatriculations supplémentaires selon l’Insee. Partagez-vous ce constat de ces particuliers qui osent se lancer dans ce contexte ?

J’encourage fortement l’entreprenariat, ces chiffres sont donc une très bonne chose. Ensuite, il faut rappeler qu’il n’a jamais été aussi simple de créer son entreprise en France.

Les barrières à l’entrée sont très faibles par rapport à une quinzaine d’années. Aujourd’hui, la démocratisation d’internet permet de réaliser toutes les démarches par soi-même et quasiment gratuitement. Tout ce dont on a besoin pour entreprendre c’est de la motivation et de l’ambition.

Par ailleurs, c’est effectivement important pour une entreprise qui démarre de mettre en place le RGPD, surtout dans le numérique, car il est plus facile à mettre en place à ce moment-là. De plus, cette étape sécurise la création d’entreprise au niveau des financements demandés par une banque ou des investisseurs en montrant à ces derniers qu’ils prendront moins de risques car la société est conforme.

Justement, comment avez-vous surmonté cette crise du nouveau coronavirus avec votre startup ?

Comme pour tout le monde, la crise a été très difficile, d’autant plus que nous venions à peine de commencer notre commercialisation. Ce qui nous a sauvé c’est notre business modèle software as a service, qui est basé sur un abonnement. Cette récurrence qui garantit des abonnés nous a permis d’avoir une rentrée d’argent.

D’autre part, nous avons eu une bonne capacité à rebondir, en essayant d’aller vraiment à l’essentiel. Nous avons donc expérimenté énormément de choses pour pouvoir trouver un nouveau relais de croissance.

Le management a connu quelques modifications notamment avec la montée en puissance du télétravail, êtes-vous parvenus à vous adapter à cette méthode ?

Nous étions déjà dans cette méthode de travail à distance avec plusieurs de nos clients.

Notre service se réalise quasiment à distance, nous étions donc prêts à cette étape de la digitalisation.

Nous entrons dans un monde de plus en plus connecté au numérique, la crise a été pour certains un accélérateur du digital, vous confirmez ?

La leçon à retenir après cette crise reste que le numérique est incontournable, que l’on soit une startup ou même un commerce physique. Si l’on espère obtenir des projections à long terme pour son entreprise, le numérique est indispensable.

Pour accompagner les TPE/PME dans la transformation vers le numérique, le gouvernement a mis en place Aides France Num, une aide financière qui vient d’être élargie pour épauler certains commerces non essentiels forcés de fermer lors du reconfinement.

Ces coups de pouce de l’État sont-ils suffisants quand on sait qu’il y a encore une fracture numérique aujourd’hui ?

À notre échelle, ce que je constate c’est que la fracture numérique est importante en France. J’espère que ces commerces seront accompagnés bien que je suppose que l’État fait de son mieux à ce niveau. Que l’on soit dans le privé ou dans le public, se réorganiser demande du temps et de l’investissement.

De notre côté, nous constatons clairement cette fracture numérique. D’un côté vous avez les grandes structures, qui ont pris le train du numérique et de l’autre, lorsqu’on a des structures de tailles plus modestes (y compris dans le public), on ressent un grand écart. Il reste beaucoup de travail à faire pour aller vers la numérisation de tous les processus.

Comment voyez-vous l’année 2021 ? Peut-on déjà parler de perspectives au sein de votre société ?

Je suis optimiste par nature. Déjà d’une part, les organismes, entreprises, associations ont maintenant un peu plus l’habitude de travailler malgré la situation. De plus, le vaccin qui arrive permettra de soulager dans ce contexte d’incertitudes. Je pense qu’en 2021 les choses vont se débloquer.