Service d’accompagnement numérique destiné à simplifier l’accès à l’ensemble des aides existantes, Mes Allocs, accompagne de A à Z les personnes qui nécessitent d’être orientées et informées d’une façon simple dans leurs démarches administratives. Aux origines de cette société, un vécu personnel marqué par une ambition à toute épreuve exprimée par Joseph Terzikhan, un jeune entrepreneur qui s’est lancé en 2018 dans l’aventure, Mes Allocs.

Cette jeune pousse parisienne a plusieurs domaines d’intervention autour des prestations sociales, car nombreux sont ceux qui ne font pas la demande d’aides auxquelles ils sont pourtant éligibles.

Les objectifs sont nombreux : augmenter le pouvoir d’achat des utilisateurs en les aidant dans la gestion du budget (assurance, frais d’internet, etc), les accompagner vers la transition professionnelle et dans toutes les démarches en ligne nécessaires à l’obtention de ces aides. Pour en parler, Joseph Terzikhan, le fondateur de la société Mes Allocs, répond aux questions de Blasting News.

Les Français ne seraient pas tous égaux face aux aides sociales. Sur votre site, vous affirmez même que ce sont près de 12 milliards d’euros d’aides sociales qui ne seraient pas réclamées chaque année. C’est le constat qui vous a poussé à fonder votre entreprise ?

Le chiffre est vrai, mais c’est surtout mon histoire personnelle qui m’a poussé à créer Mes Allocs.

Au départ, j’avais un parcours tout tracé : de grandes écoles et des super postes dans des grandes entreprises, notamment à l’étranger. Mais à la suite d’un drame familial, j’ai eu une prise de conscience qui m’a prouvée que j’avais besoin de m’engager dans une démarche à fort impact social. Après plusieurs mois de réflexion, j'ai eu l’idée de créer Mes Allocs en 2018.

Le constat est simple : il y a un problème du côté du non-recours au droit. Ce constat, je l’ai aussi vécu, car je suis d’origine arménienne, d’une famille émigrée en Syrie et au Liban à la suite du génocide. Ma famille a dû rentrer en France pour fuir la guerre ces dernières années. J’ai été témoin direct du chemin de croix que pouvait représenter l’accès au droit en France, notamment pour quelqu’un qui vient de l’étranger.

Alors que ma famille s’exprime très bien en langue française, j’ai constaté le problème du non-recours aux droits. Pour toutes ces raisons, de nombreuses personnes renoncent à faire les démarches nécessaires pour bénéficier des aides. D’ailleurs, plusieurs études prouvent qu’il y a un fort taux de non-recours. On parle de 74% des Français qui pensent que de nombreuses personnes ne bénéficient toujours pas des droits auxquels ils peuvent tout à fait prétendre (source : baromètre de la DREES, 2018).

Quels sont les facteurs qui peuvent expliquer cette difficulté exprimée par certains citoyens face aux administrations en général ? Cette difficulté ne les empêche-t-elle pas d’accéder à certains minimas sociaux alors qu’ils sont tout à fait éligibles ?

Le principal facteur mis en avant par les utilisateurs de Mes Allocs est le manque de lisibilité sur les aides qui existent aujourd’hui.

44% des Français estiment que le non-recours aux droits est dû au « manque d’information sur les aides, ou sur les organismes à qui s’adresser » et 25% avancent que « les démarches à faire sont trop complexes et trop longues ». Baromètre d’opinion de la DREES en 2018

Il y a un grand besoin de clarté et de simplicité : 1 million de visiteurs uniques par mois viennent se renseigner sur notre site pour identifier à quelles aides auxquelles ils ont droit, parmi les 650 aides recensées par Mes Allocs. Mes Allocs répond à un vrai besoin d’information.

Parmi les autres facteurs, reviennent régulièrement la complexité des procédures - notre accompagnement par des professionnels permet d’y remédier -, le manque de temps - nous intervenons au travers de notre accompagnement en leur faisant gagner un temps précieux - et la pudeur - passer par Mes Allocs leur permet de conserver un certain anonymat et de dépasser ce blocage.

Nous sommes à plus d’une année du début de la crise sanitaire. Quels sont les bilans que vous dressez pour votre société ? Avez-vous été freinés ou au contraire propulsés ?

Depuis 2020, nous avons connu une forte croissance, c’est clair. De notre côté, nous avions commencé à travailler sur notre produit en 2019, c’était réellement une année de recherche, de développement et de prise en compte des différentes informations sur les aides existantes. Un long travail en interne sur le référencement de notre site, qui reste la porte d’entrée de notre plateforme. C’est pourquoi, nous avons des rédacteurs qui ont rédigé plus de 1400 articles explicatifs sur les aides, d’écriture de contenus, etc. Ce n’est qu’en 2020 que nous sommes parvenus à voir les premiers résultats encourageants pour notre structure.

Le côté crise sanitaire est également un facteur car de plus en plus de Français se sont retrouvés dans des situations délicates qui nécessitaient de recourir aux aides disponibles.

Durant cette crise, de nombreux départements ont tiré la sonnette d’alarme, car les demandes de RSA n’ont fait que s’accumuler. Ces dépenses auraient même augmenté de 9 % entre 2019 et 2020. Confirmez-vous cette tendance ?

Il est vrai qu’il y a eu une très nette augmentation des demandes de RSA pendant la crise sanitaire. Si l’on regarde les aides de la CAF : nous avions en moyenne 80% des demandes pour la prime d’activité, et 20% pour les APL et le RSA combinés.

Depuis la pandémie, on a observé la tendance inverse, environ 60% des demandes pour le RSA, 30% pour la prime d’activité et 10% pour les APL.

Cette augmentation des demandes de RSA parmi les utilisateurs de Mes Allocs concernait majoritairement les auto-entrepreneurs ayant perdu leur activité en raison de la crise et ne bénéficiant pas du chômage partiel.

Lors des confinements successifs, nous avons constaté la force du digital et l’importance d’avoir des services de numérisation efficaces. Mais sommes-nous tous égaux face au numérique ? Selon l’Insee, ce sont plus de 12 millions de personnes qui seraient dans l’incapacité d’utiliser le numérique dans la vie courante, le gouvernement lance d’ailleurs un plan pour lutter contre la fracture numérique en 2022. Qu’en pensez-vous ?

Mes Allocs a pour objectif de lutter contre le non-recours aux droits en proposant un outil en ligne 100% gratuit de simulation.

Le numérique est au cœur de notre modèle.

Aujourd’hui il existe des initiatives locales et des systèmes d’aides qui permettent à ceux qui sont le moins en phase de pouvoir s’approprier les outils numériques, et c’est une bonne chose.

Dans cette perspective, toute initiative destinée à rapprocher un maximum de citoyens des outils numériques est évidemment une excellente initiative. Il est nécessaire de ne laisser personne de côté.

Quelles sont vos perspectives pour 2021 ?

L’année 2021 a bien commencé pour nous avec le lancement de notre nouveau programme d’aide à la reconversion professionnelle et à la recherche d’emploi.

Nous faisons perpétuellement évoluer notre outil pour répondre à l’ensemble des demandes de nos utilisateurs.

Cette nouvelle offre propose un programme de coaching sur-mesure destiné à repenser son projet professionnel pour trouver un emploi adapté à ses besoins : accompagnement par notre coach certifiée, à distance, aide à l’élaboration de CV et de lettres de motivation, préparation aux entretiens et aux candidats et aide aux prises de contact.

Il nous tient particulièrement à cœur de continuer à développer cet axe afin de venir en aide aux personnes dont le secteur a été touché par la crise sanitaire. Nous voulons les accompagner pour mieux rebondir, mieux se réintégrer dans la société.