Unlatch est basée à Paris et s’adresse aux professionnels de l’immobilier résidentiel (promoteurs, bailleurs, etc.) Le principe ? Proposer une solution de digitalisation du processus de vente immobilière qui permet aux professionnels de gagner du temps tout en offrant aux acquéreurs un meilleur service.

La start-up enregistre une belle croissance de son activité alors que le monde est en pleine pandémie. Si de nombreuses sociétés ont été contraintes de ralentir leur activité pour cause de crise sanitaire, Unlatch a continué à déployer ses outils de digitalisation à grande échelle.

Juste après le confinement l’an dernier, la société a levé 5,2 millions d’euros auprès d’Axa Ventures Partners pour se donner les moyens d’accélérer la croissance et de renforcer son leadership dans le secteur. Pour en parler dans le cadre du projet Blasting Talks, la parole a été donnée au PDG d’Unlatch, François Marill.

Votre ambition au départ était de digitaliser le processus de vente immobilière. Pourquoi vous êtes-vous lancés dans ce secteur ?

Avant de créer Unlatch avec mes associés Thomas et Olivier, nous avons fondé LegaLife en 2014, un site internet qui vend des documents juridiques et administratifs aux particuliers et aux petites entreprises TPE/PME. Nous avions en effet développé un logiciel qui permet d’automatiser la rédaction de documents juridiques (contrats de travail, baux, statuts de sociétés).

Au total, vous disposez de 300 documents juridiques, des contrats sur-mesure utilisables en quelques minutes.

Compte tenu des faibles barrières à l'entrée technologiques et à la scalabilité internationale quasiment inexistante de cette activité (nécessité de traduire tout le contenu juridique dans l'ensemble des langues locales), nous avons rapidement décidé de verticaliser notre offre.

En 2017, nous avons identifié un secteur où l’on pouvait apporter de la valeur avec notre technologie.

La promotion immobilière utilise en effet une multiplicité de contrats. Nous avons alors adapté notre solution avec l’accompagnement de notaires en 2018. Résultat : en trois ans, nous avons attiré 300 clients. Nous ne pensions pas que cela irait aussi vite. Aujourd’hui, LegaLife existe toujours bien que 100 % des effectifs travaillent sur Unlatch qui est devenue l’activité principale de la société. Nous avons apporté une vraie plus-value au secteur immobilier qui n’était pas très digitalisé. À l’époque, les méthodes étaient encore assez archaïques avec un large recours aux documents papier, des appels téléphoniques, des visites de chantiers tous les trois mois, etc. En 2021, on ne peut plus se permettre d’envisager un projet immobilier qui va durer plus de trois ans sans offrir un service fluide en ligne : échanges électroniques de documents, envoi de photos des programmes, messagerie sécurisée, etc.

Quels sont les avantages que vous apportez aux promoteurs immobiliers ? Et à leurs clients qui achètent un bien immobilier ?

La vente et la promotion immobilière étaient globalement peu digitalisées. Pourtant, il s’agit d’un processus extrêmement long, avec de nombreuses étapes et d’allers-retours entre le client et le promoteur. Auparavant, nous avions des documents scannés, envoyés par La Poste. Le temps était long et cela pouvait prendre jusqu’à trois mois pour obtenir une validation juridique et une signature. Avec la digitalisation, l’acquéreur du bien immobilier n’a plus besoin de se déplacer, il peut signer numériquement. Un avantage de taille pour des investisseurs qui souhaiteraient acheter à l’autre bout de la France ou dans les DOM-TOM.

Les contrats sont sécurisés juridiquement. On gagne du temps et le promoteur peut récupérer de la trésorerie plus rapidement. Non seulement, les échanges sont fluidifiés, mais la relation client ressort renforcée grâce à une application mobile. Le contact entre le client et le promoteur se fait via notre plateforme.

Qui sont vos clients ?

Il s’agit de promoteurs immobiliers à 90%, tels que Kaufman & Broad, Emerige, Quartus ou encore Demathieu Bard. Nous avons aussi quelques commercialisateurs parmi nos clients ainsi que des bailleurs, notamment sur la partie “immeubles anciens”. Nous ne travaillons pas avec les agences immobilières, car elles ne traitent pas assez de volumes. Notre activité est essentiellement du BtoB grands comptes.

En 2020, Unlatch a réalisé un tour de financement de plus de 5 millions d’euros. Ainsi, vous confortez votre place de leader dans la digitalisation de la vente immobilière. Qu’est-ce qui fait votre force selon vous ? Quel est l’objectif de cette levée de fonds ?

En réalité, pendant le premier confinement, beaucoup de prospects potentiels sont devenus clients. Grâce à la digitalisation, ils pouvaient poursuivre leur activité en proposant aux acquéreurs la signature électronique à distance. Cette période a donc été plutôt positive pour nous et a confirmé notre volonté de faire une levée de fonds auprès d’Axa Venture Partners. Cette augmentation de capital a trois objectifs. Le premier est de renforcer notre place de leader en France en recrutant davantage de commerciaux.

Le deuxième vise à développer le produit en créant de nouvelles fonctionnalités et de nouveaux services afin de satisfaire nos clients et nous assurer de leur fidélité. Enfin le troisième objectif, sans doute le plus important, est le déploiement à l’international. La promotion immobilière existe dans tous les pays du monde et son principe est généralement similaire, notamment en ce qui concerne la signature des documents. Nous avons choisi deux pays pour commencer, l’Espagne et l’Angleterre. D’un côté, un pays avec un droit latin comme la France. De l’autre, un pays avec beaucoup de transactions immobilières, l’Angleterre. Deux filiales sont en cours de création, Unlatch España et Unlatch UK qui vont opérer sur place auprès de promoteurs locaux.

Un an après le début de cette pandémie mondiale qui a fortement bousculé les méthodes d’organisation du travail, quel(s) bilan(s) tirez-vous de cette crise pour votre activité et celle de vos clients ?

Globalement, le bilan reste positif pour nous en termes de croissance et de fidélisation de nos clients. Notre solution a bénéficié d’une forte attraction commerciale. L’aspect moins positif concerne le marché de la promotion immobilière en 2020 qui a diminué entre 40 et 50 % en fonction des régions. L’activité a donc été impactée par la crise et également par les élections municipales. D’autant que l’échéance électorale a été décalée de mars à juin figeant les ventes immobilières. Cela étant, par rapport à 2019, notre chiffre d’affaires a enregistré +40 % de croissance.

Ce n’est pas mal en période de crise.

Vous avez récemment publié un baromètre sur la promotion immobilière qui met en avant le rôle de la digitalisation pour lutter contre la crise dans l’immobilier neuf. Est-ce que le phénomène va s’accélérer ?

Nous ne sommes pas inquiets pour l’avenir. Le foncier reste bien présent et le besoin de logement ne se dément pas. L’immobilier neuf est important dans le PIB français. À cause de la crise, on a effectivement assisté à un blocage pendant un an. Mais nous sommes confiants que l’État va soutenir le secteur. Il manque en effet des logements pour les Français. Et puis le BTP tient une place importante dans l’économie. C’est pourquoi, nous espérons des dispositifs et des actions afin de redynamiser l’offre de nouveaux programmes.

Quelles sont vos perspectives pour l’année qui vient ?

Le mois de mars 2021 a été excellent. Nous avons ressenti un effet de reprise. Nous restons vraiment attentifs aux actions de soutien que pourrait décider l’État pour permettre aux promoteurs d’agir en toute confiance. En même temps, les municipalités doivent délivrer davantage de permis et débloquer les programmes.