En 2015, c’est en plein cœur de la Ville Lumière qu’un engagement fort a été pris par nos dirigeants pour sauver notre planète. Un accord international sur le climat a été ratifié par 196 ‘Parties’ lors de la COP 21 à Paris. L’objectif ? Limiter le réchauffement climatique de 1,5 °C à 2 °C d’ici 2100. Pour y parvenir, les grandes entreprises comme les citoyens à leur toute petite échelle doivent contribuer à cet effort. C’est pourquoi de nombreuses startups proposent des solutions de plus en plus innovantes, comme la dernière venue, Greenly, implantée à Station F et mise en lumière par Challenge comme figurant dans le top 100 des entreprises où investir en 2021.
🏆Greenly élue #Fintech de l’année ! Un grand merci à @financeinnov, à @cedric_o, ainsi qu’à tous les membres du jury.
🌱 Un signal fort envoyé par le monde de la #finance pour ouvrir la voie de la transition écologique à de nombreux acteurs. #Climat https://t.co/9DR9l4UBSV
— Greenly (@greenly_fr) December 9, 2020
Lancée en 2019, à l’aube de la pandémie mondiale de coronavirus, Greenly est arrivée à point pour toutes les personnes qui ont utilisé cette période imposée de confinement afin de réfléchir à construire un meilleur futur pour notre planète. Mesurer vos émissions carbone en synchronisant vos relevés bancaires, c’est le pari lancé par la startup Greenly. En moins d’un an, cette jeune pousse de la French Tech s’est imposée dans le secteur de la transition écologique en devenant un acteur incontournable de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et en s'imposant comme la première application mondiale en nombre d’utilisateurs actifs.
Mieux encore, l’application propose un système de ‘cashback’ qui vous permet de convertir des euros en contribution pour la planète, via une sélection de projets certifiés et labellisés Bas-carbone. Pour en parler sur Blasting News, nous avons interrogé Arnaud Delubac, cofondateur et CMO chez Greenly.
Greenly met l’intelligence artificielle au service de la lutte contre le réchauffement climatique.
Quels sont les moyens qui permettent cette réduction de gaz à effet de serre ?
On a commencé l’aventure avec trois associés début 2020. Au départ, notre application mobile permettait de se suivre, c’est-à-dire de pouvoir, de façon totalement automatisée, mesurer son empreinte carbone en temps réel pour adopter les bonnes pratiques et permettre une bonne réduction de ces émissions.
Pour y parvenir, Greenly analyse de façon sécurisée (cf : nous utilisons une technologie agréée Banque de France) les transactions bancaires des utilisateurs et catégorise ensuite chaque dépense. Mais avec un niveau de finesse plus poussé. Au total, nous avons créé plus de 300 catégories et nous reconnaissons automatiquement entre 85 et 89% des transactions. Après ce travail de catégorisation, Greenly applique des coefficients de conversion euros/carbone à chaque achat. Par exemple, un trajet en Uber qui a coûté 19 euros est converti en 2 Kg de CO2 émis.
De quel(s) constat(s) êtes-vous partis pour lancer un tel projet en 2019 ?
Ce que nous avons observé avec mes deux associés Matthieu et Alexis, c'est la volonté grandissante de consommer autrement, ce qui est très encourageant au regard des défis que nous avons à relever dans les prochaines années !
Le réchauffement climatique, autrefois contesté, est aujourd’hui considéré comme une priorité par une large majorité de la population mondiale. Cependant, les citoyens engagés n'ont pas les outils pour suivre l'impact de leur consommation au quotidien, et donc progresser. C’est à partir de la connaissance de sa performance que l’on enclenche l’envie d’un nouvel objectif. Lorsque vous courez, vous mesurez votre performance à chaque entraînement afin de parvenir à de meilleurs résultats la fois suivante. C'est ce modèle que nous voulons reproduire avec Greenly, en offrant à chacun un outil de tracking de son impact pour agir au quotidien, avec un suivi de ses dépenses à partir de sa carte bancaire.
Il va s’agir, à l’aide du suivi et d’une pédagogie renforcée, de permettre à chacun de faire des choix éclairés. Étant tous les trois passés par Withings (scale-up qui conçoit des objets connectés dans le domaine de la santé), nous avons pour ambition de répliquer ce modèle sur l’environnement.
Le point de départ, c'est de donner un indicateur aux gens pour savoir où ils en sont, de la même façon que vous surveillez votre compte bancaire. Avec une mesure d’impact, on sait comment mieux consommer et sur quoi on doit être vigilant si on veut se rapprocher du niveau fixé par l’ Accord de Paris. Désormais, et c’est une grande nouveauté, les banques peuvent utiliser notre technologie dans leurs services en ligne, et sur leurs applications.
Plus récemment, nous nous sommes lancés auprès des entreprises pour les accompagner dans la transition écologique. Notre volonté reste la même : connaître l’empreinte carbone de son activité, impliquer ses salariés pour ensuite s’améliorer et réduire ses émissions.
Actuellement, une centaine d’entreprises vous font confiance. Quels sont les critères, les profils types que l’on retient chez vos clients ?
Sur l’application mobile, nous avions commencé avec un noyau dur de personnes très engagées pour l’environnement. Dès la sortie de notre application, les banques se sont montrées très intéressées par notre technologie. Pour elles, nous avons déployé une API afin qu’elles puissent apporter un indicateur concret à leurs clients.
Les discussions se poursuivent avec de nombreux acteurs européens et internationaux, et nous avons bon espoir qu’un jour, un standard soit déposé sur le sujet pour que tous intègrent cette mesure.
Avec la solution entreprise, notre vision est claire : la comptabilité financière doit être fusionnée avec la comptabilité carbone. Nous voyons bien que l’agilité des TPE/PME leur permet de s’engager simplement sur ces sujets, à un coût tout à fait raisonnable, ce qui est une nouveauté en soi. Jusqu’ici, elles devaient faire appel à des cabinets de conseil, qui facturent la prestation en temps homme. La technologie permet aujourd’hui d’automatiser le fonctionnement du bilan carbone, et donc d’en réduire les coûts.
Votre mission principale consiste à faire en sorte que chaque citoyen, chaque entreprise prenne conscience de son impact réel sur la planète. Pensez-vous que la récente crise liée au coronavirus a fait évoluer les consciences concernant la biodiversité ?
Dès le lancement de notre site internet, nous avons été très surpris de l’engouement que générait notre projet. On a reçu un grand nombre de messages et de soutiens provenant de toutes les sphères. Des passionnés d’écologie mais pas seulement. Beaucoup ont compris qu’un indicateur sur le sujet était un point de départ pour mieux faire. Est-ce que cela s’est intensifié avec le Covid ? Je le pense ! Nous avons tous pris conscience que des épidémies comme celle que nous traversons actuellement allaient émerger plus souvent, et se répandre plus rapidement.
Vous avez également mis en place un système de “cashback” permettant aux consommateurs de devenir acteurs de la transition énergétique en recevant une remise sur leurs achats réalisés chez différents partenaires comme Naturalia ou Ilek. Pouvez-vous expliquer en quoi votre approche peut être intéressante pour les utilisateurs ?
Dans notre volonté d’inciter les citoyens à réduire leurs émissions, nous apportons toute la partie mesure. Nous avons travaillé avec des data scientists et des développeurs web afin d’apporter la mesure la plus précise possible à nos utilisateurs. Récemment, nous avons lancé un système de tag qui permet de spécifier une dépense. Par exemple, si vous faites 30 euros de courses chez Monoprix, avant nous procédions en prenant un panier moyen, donc assez approximatif.
Aujourd’hui, avec un tag, vous pouvez dire que vous êtes végétarien, que c’est bio, qu’il n’y avait pas de viande, etc. Ce qui nous intéresse davantage, c'est comment on va permettre aux citoyens de réduire leur impact. Cela fera partie de l’expérience afin de leur donner tous les outils pour réduire significativement leurs émissions.
Nous l’avons lancé pour permettre à nos utilisateurs de rediriger certains achats par des marques plus respectueuses de l’environnement. Par exemple, consommer Naturalia rapporte des euros parce qu’on connaît la provenance des produits, et les nombreux engagements de l’enseigne. Ce qui nous intéresse chez Greenly, c’est cette notion d’alternative. Nous ne voulons pas dire aux gens d’arrêter de consommer.
Cela ne fonctionne pas, et personne ne vous suivrait. Ce qui est intéressant en revanche, c’est de leur suggérer d’autres possibilités pour qu’ils puissent faire leur part tout en se faisant plaisir, ou en répondant à un besoin.
Vous proposez également des solutions alternatives pour consommer autrement et plus durablement. Êtes-vous une sorte de “coach 2.0” pour des personnes soucieuses de la préservation de l’environnement ?
Étant donné que nous avons accès à tous les achats, en cliquant sur la fiche ‘dépense’, je peux les catégoriser et j’ai quelques informations avec un système qui proposera un catalogue d’alternatives de façon personnalisée, un peu à la manière des stories sur Instagram.
Quelles sont vos perspectives pour cette nouvelle année 2021 ?
Nous sommes en train de boucler une deuxième levée de fonds. Cette levée nous permettra de recruter et de distribuer plus largement nos solutions. Aujourd’hui, nous nous concentrons particulièrement sur le bilan carbone des entreprises, parce que c’est là que le besoin est le plus fort sur le court terme. Nous allons aussi faire de notre application un outil d’engagement salarié, en la couplant à notre plateforme SaaS. Le modèle sera simple : un défi proposé par jour, pour sensibiliser de façon ludique tous ses collaborateurs. Chaque défi relevé fait gagner des kgs CO2 évités à l’entreprise, et fait de son bilan carbone une action collective.