La 10 ème journée de mobilisation contre la réforme des retraites a été moins importante ce mardi 28 mars comparée à sa précédente la semaine dernière. Les manifestations se sont toutefois poursuivies dans de nombreuses villes, entraînant plusieurs débordements. La fermeté de l’Exécutif et la détermination des syndicats ont encore une fois de plus provoqué le mécontentement de la rue. Une nouvelle journée d'actions est prévue pour le jeudi 6 avril.
Parallèlement, l'intersyndicale a appelé le président de la République à suspendre cette réforme et à effectuer une pause afin de permettre un dialogue.
Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a répondu que l’Exécutif restera inflexible, quelle que soit la teneur de la mobilisation et la détermination du mouvement. Pourtant, la Première ministre Elisabeth Borne a depuis ce mardi, semblé opter pour une attitude conciliante et compte réellement engager prochainement des discussions avec les partenaires sociaux.
Des services publics toujours en panne
Entre temps, l'impact de la grève se fait encore sentir dans tous les secteurs et domaines de la vie publique. Les transports en commun étaient encore très perturbés ce mardi. Certaines écoles et services publics étaient fermés, et le secteur de l'énergie encore à l'arrêt. Des raffineries carrément bloquées, le reste tourne à rythme réduit et un déficit de carburant est signalé dans certaines stations-services.
Les ordures dans les rues de Paris continuent de s'accumuler et la plupart du personnel des services d'hygiène est encore en grève.
Dès 4 heures du matin ce mardi 28 mars, près de Marseille, des dizaines de manifestants (salariés, chômeurs et étudiants) ont bloqué dans le noir, la zone logistique de Saint-Martin-de-Crau (Bouches-du-Rhône), l’une des plus importantes d’Europe.
Les marchandises qui transitent par semi-remorques entre les villes françaises, le port de Marseille et les destinations européennes ont été bloquées dans les entrepôts. Les manifestants ayant condamné les cinq accès de la zone.
Des sages et des sauvages
Après des semaines de manifestations pacifiques, les troubles dans le mouvement ainsi que les accusations d’abus policiers sont ces derniers jours, au cœur des débats.
La mobilisation à Nantes s’est achevée avec des gaz lacrymogènes. Les manifestations deviennent de plus en plus agressives alors que des protestataires se transforment en voyous et en extrémistes avec des objectifs autres que la mise en cause de la réforme des retraites. Des attitudes et des comportements qui incitent à la réflexion.
Ce mardi, le ministre de l'Intérieur a mis en garde contre ce risque de violence très grave justifiant le déploiement d'au moins 13.000 agents de la police et de la garde nationale. En Ardennes, des jets de bouteilles d’acide sur les forces de l’ordre ont été enregistrés en marge d’une manifestation. D’autres voix martèlent par contre que la police tente de réprimer les manifestations de manière extrêmement dure et pointent des atteintes aux libertés d’expression et de réunion.
Les jeunes se rebellent
Alors que les images de violences policières ne cessent de tourner dans les médias et sur les réseaux sociaux, le ministre de l’Intérieur a tenté de limiter les effets de cette situation. Ce 28 mars, quelques minutes avant le début du mouvement, il a envoyé un SMS aux préfets pour leur recommander de faire très attention aux cortèges syndicaux et aux jeunes.
Selon le ministère de l’Intérieur, 740 000 personnes, dont de nombreux jeunes, ont défilé ce mardi, selon la CGT, deux millions. À Paris, moins de tensions malgré quelques incidents et heurts recensés en marge des cortèges. Pour les opposants à la réforme, ce 28 mars se solde aussi par un essoufflement du mouvement même si les manifestations ont néanmoins pu compter sur une énorme participation des jeunes.
Effectivement, des étudiants et des lycéens étaient présents en nombre pour participer à cette dixième journée pour exprimer leur colère face au 49-3 et aux violences policières.
L’heure de la pause ?
Sur le plan politique, un ton un peu plus conciliant de la part de la Première ministre Elizabeth Borne a été ressenti ces dernières heures. Elle vient, ce mardi soir, d’ouvrir la porte à une reprise du dialogue avec les partenaires sociaux. L'intersyndicale serait invitée par la Première ministre en début de semaine prochaine.
Des syndicalistes partisans de la ligne dure ont exigé d’abord le retrait du texte. Mais l'intersyndicale a finalement opté pour le calme et vient de décider qu'elle ne demandera seulement qu'une mise en pause de la réforme.
Les plus optimistes sont convaincus que le président de la République pourrait retarder la réforme sous la pression, tandis que le reste est persuadé que le Chef de l'Etat ne cédera pas et restera ferme sur son projet et qu'à terme la Première ministre en paiera le prix.
Peut-être bien que l'heure des compromis, du respect des institutions et du bon fonctionnement de l'Etat démocratique est enfin arrivée avec tous ces mains tendues ? De toute manière, le Conseil constitutionnel vient tout juste de déclarer ce mercredi 29 mars qu'il rendra le 14 avril en fin de journée, ses décisions sur la loi réformant le système des retraites en France ainsi que sur le projet de référendum d'initiative partagée concernant le report de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Le tunnel pour une vraie sortie de la crise semble encore long.