Les Français réussiront-ils à accrocher une troisième étoile à leur maillot ? Les Sénégalais remporteront-ils à nouveau le titre des « joueurs les plus joyeux » du monde ? Les Italiens seront-ils présents sur le terrain ? L’histoire reste à écrire, évidemment. Mais une chose est sûre : comme tous les quatre ans, la Coupe du monde apportera en 2022 des émotions intenses, du bonheur et parfois de la tristesse. Une coupe du monde s’arrête et on pense déjà à la prochaine !

Le prochain pays hôte, le Qatar, s’est en tout cas engagé à en faire un événement mémorable.

« Nous nous engageons à faire de la Coupe du Monde 2022 un succès et une source de fierté pour la jeunesse arabe », a déclaré l’émir Tamim Ben Hamad al-Thani, en reprenant le flambeau de l’organisation du championnat des mains du président russe Vladimir Poutine. Un engagement d’autant plus ambitieux que la secrétaire générale de la FIFA, Fatma Samoura, a remercié « du fond du cœur » la Russie d’avoir placé la barre « très haut » en matière d’organisation.

Mais le petit émirat de 11 000 km2 n’a pas peur de succéder au plus vaste pays du monde. Il compte au contraire faire de sa taille un atout : grâce à un nouveau métro construit spécialement pour l’occasion, les fans pourront assister jusqu’à quatre matchs sur une journée.

200 milliards de dollars

Le Qatar dispose en effet de moyens considérables : « Nous dépensons près de 500 millions de dollars par semaine sur les principaux projets [d’infrastructures pour accueillir la compétition], et cela va continuer pendant les trois à quatre prochaines années », avait déclaré Ali Shareef Al-Emadi, ministre qatarien des Finances, en 2017.

Résultat : pas moins de 200 milliards de dollars (187 milliards d’euros) devraient être dépensés par l’émirat dans l’organisation du championnat. Cela implique évidemment la construction de stades, mais aussi la construction ou amélioration d’autoroutes, voies ferrées, ports, aéroports et même quelques hôpitaux.

Les supporters les plus passionnés, qui ont fait le déplacement jusqu’en Russie, ont eu l’occasion de découvrir sur place la préparation du prochain mondial.

Des installations ont été mises sur pied à Moscou et Saint-Pétersbourg par les autorités qatariennes, pour annoncer le prochain tournoi et promouvoir l’émirat. Ils ont pu également se familiariser avec l’histoire, les traditions et la culture du Qatar. Une opération de communication qui a dû éveiller leur curiosité tout en contribuant à tordre le cou à certaines idées reçues et autres rumeurs qui circulent depuis l’attribution de la Coupe du monde à l’émirat.

Tordre le cou aux rumeurs

Sur internet, les rumeurs fleurissent déjà : les femmes seront-elles interdites de stade lors du mondial 2022 ?

Après la décision de la FIFA de moins filmer les jolies supportrices lors des rencontres, la nouvelle s’est diffusée comme une traînée de poudre sur le Web. Évidemment, il s’agit d’une « fake news » : au Qatar, les femmes assistent depuis longtemps aux matchs de foot avec leurs maris, et le voile n’est d’ailleurs nullement obligatoire.

Une autre image d’Épinal à la peau dure: celle de l’esclavage des travailleurs étrangers présents sur les chantiers des stades qataris. Une mauvaise image pour un émirat qui a justement tout fait pour ne pas entacher « sa » coupe du monde. La rumeur est venue de la Confédération internationale des syndicats (ITUC) avait accusé il y a quelques années les compagnies étrangères opérant sur les chantiers du Mondial d’exploiter les migrants, qualifiés « d’esclaves des temps modernes ».

Une accusation que l’Organisation internationale du travail (OIT) s’est empressée de démentir. Le Conseil d’administration de l’OIT a en effet décidé de « clore la plainte [...] relative au non-respect de la convention sur le travail forcé et de la convention sur l’inspection du travail par le Qatar », a annoncé l’agence onusienne dans un communiqué diffusé en novembre 2017. Et d’ajouter : « L’OIT salue la décision du Qatar de coopérer de manière substantielle avec l’Organisation pour la promotion et la protection des droits des travailleurs et espère que ce programme de coopération sera mis en œuvre avec succès au cours des trois prochaines années ».

Depuis, le Qatar a fixé un salaire minimum pour les travailleurs immigrés.

« Le salaire minimum temporaire de 750 riyals par mois entrera immédiatement en vigueur et nous poursuivrons des évaluations pour détermine le salaire minimum fixe », avait précisé Issa al-Nouaïmi, ministre du Travail.

Quatre ans, c’est à la fois très long et très court : un délai durant lequel le petit émirat gazier devra faire sortir du désert toutes les installations nécessaires (transports, logements, stades) tout en soignant son image. En effet, Doha ne manque pas d’ennemis et de rivaux dans la région, prêts à salir le pays à la moindre occasion. On pense évidemment aux Émirats arabes unis ou l’Arabie Saoudite. Des voisins puissants, qui, faute d’avoir pu empêcher l’organisation de la coupe du Monde au Qatar, chercheront probablement à gâcher la fête.