Ce fut probablement l'un des plus gros "scandales" de l'année médiatique 2017. Le 30 septembre, Laurent Ruquier recevait Sandrine Rousseau dans le talk-show hebdomadaire de France 2, "On n'est pas couché". L'ancienne porte-parole du parti Europe Écologie Les Verts assurait la promotion de son livre poignant, Parler, dans lequel elle raconte l'agression sexuelle dont elle a été victime, du fait de l'ancien député Denis Baupin. Le débat s'était envenimé et Christine Angot, chroniqueuse de l'émission, avait pris à partie une Sandrine Rousseau en larmes.

La séquence avait été signalée au CSA, qui a rendu sa décision le mercredi 20 décembre 2017.

Le groupe France Télévisions mis en demeure

Lors de l'enregistrement de l'émission le 28 septembre, Sandrine Rousseau souhaitait évoquer l'association qu'elle a créée, destinée à la défense des femmes victimes de violences. Cette initiative avait dérangé la romancière Christine Angot, habituée du buzz, qui était littéralement sortie de ses gonds : "Vous auriez dû dire 'je'. On ne peut parler que de son viol". Avant cela, la chroniqueuse avait invectivé l'invitée : "Je vous interdis de dire ce que vous dîtes", lança-t-elle à une Sandrine Rousseau que le CSA a jugé en état de "vulnérabilité manifeste".

Le gendarme de l'audiovisuel regrette que les chroniqueurs de l'émission aient "de manière virulente et systématique [...] mis en doute l'utilité même de sa démarche." De plus, l'Autorité s'en prend aussi à Laurent Ruquier, dont elle dénonce "l'attitude de complaisance à l'égard du parti-pris choisi par les chroniqueurs [...] s'agissant d'un sujet particulièrement grave et douloureux."

On connaît la règle : lorsqu'une émission est enregistrée, et qu'un montage a pu être réalisé avant diffusion -ce qui est le cas ici- c'est le diffuseur qui est responsable de manière exclusive de ce qui se dit sur son antenne.

Par conséquence, le CSA a sanctionné France Télévisions, pour avoir "conservé les séquences durant lesquelles l'invitée n'a pu masquer son émotion", et pour n'avoir pas diffusé la séquence où Christine Angot avait quitté le plateau. Le gendarme reconnaît que France 2 a réalisé un montage "trompeur", "de nature à nuire à la bonne compréhension du téléspectateur".

C'est pour toutes ces raisons que la société France Télévisions a ainsi été mise en demeure par le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel. Ici, le diffuseur n'a pas assuré sa mission de service public, dont doivent découler des qualités d'exemplarité et de respect.

Que signifie en réalité la mise en demeure ?

La mise en demeure est une mesure intermédiaire au niveau de l'échelle des sanctions que le CSA peut prononcer, destinée à encourager l'antenne (radio ou télévision) à respecter la réglementation en vigueur.

En-dessous, on retrouve le simple avertissement écrit au diffuseur, pour lui signaler un manquement constaté. Et au-dessus, on retrouve la sanction pécuniaire.