Bien qu’il existe tout un consensus propre au métier de l’information et du journalisme englobant un rejet unanime des Fakes News, parfois ces derniers peuvent tomber dans ce piège et diffuser, par mégarde, à des millions de Français des informations sans fondements. C’est malheureusement ce qui vient de se produire s’agissant d’une vidéo tournée à Grenoble supposée montrer tout un quartier pris en tenaille par les "bandes" liées aux trafics de drogues, les grandes d'informations seraient-elles prises au piège entre le temps de travail journalistique et celui du Buzz ?
Contextualisation des faits
Au début de la semaine dernière, une vidéo montrant plusieurs individus lourdement armés et encagoulés a été diffusée sur les réseaux sociaux. prenant position sur ce qu’il semble être un point de vente de stupéfiant. Cette vidéo, dont la qualité laisse à désirer, semble avoir été filmée timidement et en toute discrétion par un habitant du quartier Mistral à Grenoble. C’est Damien Rieu, un individu proche de l’extrême droite, qui diffuse la vidéo sur internet. Sa diffusion suscite aussitôt une indignation nationale et un lever de boucliers de tous les bords politiques rappelant, encore et toujours, la défense absolue des valeurs républicaines face aux "bandes" qui veulent imposer leurs lois dans les cités.
Sur ces mots, le procureur de la République de Grenoble, Eric Vaillant, rappelle "la détermination du parquet à combattre les trafics de drogues". Et le ministre de l’Intérieur démarre une vaste opération de police et de gendarmerie. Bien qu’il y ait eu des réticences sur le motif réel de la diffusion des images, l’ensemble des chaînes nationales n’ont pas tardé à diffuser l’information sans que ces dernières émettent quelques réserves et portent une attention rigoureuse sur la qualité de la source.
C’était bien une mise en scène … Pour un clip de Rap :
C’est l'information que vient de révéler France Info en ce début d’après-midi. En effet, ces images sont extraites d’un clip du rappeur grenoblois, Corbak Hood, sur le titre "Chicagre". En fin de clip, l’artiste indique que les armes sont factices, que les supposées drogues sont en réalité de la CBD et il remercie chaleureusement les grandes chaînes d’informations d’avoir participé à la promotion de son clip sorti le 31 août.
Pourtant, cette mise en scène a eu un impact direct les jours qui ont suivi la diffusion de la vidéo, ce qui a provoqué un emballement judiciaire et policier (que le Maire de Grenoble a qualifié de "coup de communication"). En outre, la préfecture de l’Isère annonce sur Twitter l’interpellation de 14 personnes et de 5 mises en gardes à vue, et la saisie de drogues et d’argent liquide . Les autorités ont également renforcé les forces de police sur les lieux …