Alain Cocq, un Dijonnais de 57 ans, atteint d’une maladie orpheline a choisi de « mourir dans la dignité » en refusant de se nourrir, de s’hydrater et de prendre son traitement médical. Après avoir tenté en vain d’interpeller l’Élysée pour lui octroyer le droit d’être euthanasié, il a décidé de médiatiser sa situation sur les réseaux sociaux.
'Laissez-moi partir libre'
En quelques mots, ce que réclame Alain Cocq c'est d'abréger ses souffrances. Pourtant, cette demande qui semble légitime, ne cesse de soulever des remous à l’intérieur de la société.
Cette question portant sur la fin de vie est enchaînée de valeurs, de préjugés et de confusions que chacun porte à la vie. À travers l’interrogation de la mort, c’est notre rapport à la vie qui est convoqué. Par conséquent, la subjectivité de tous est mobilisée et celle-ci se confronte à l’inertie des divergences politiques, du flou juridique (qui découle de la loi la loi Claeys-Léonetti de 2016) et de la conscience professionnelle de certains médecins. De sorte, que cette question est confondue à celle du suicide. Mais Alain Cocq l’assure, « il ne veut pas se suicider, il est catholique ». Ainsi, pour sensibiliser sa cause, il se propose de filmer ces derniers jours et de les diffuser sur les réseaux sociaux.
Peut-être que cela éveillera certains ? En effet, la fin de vie assistée est une patate chaude que tout le monde s’envoie sans véritablement y apporter une réponse claire et précise. De peur de diviser le pays à l'image de la loi Taubira au début du quinquennat d'Hollande.
Une politisation de la mort ?
La loi Claeys-Léonetti de 2016 permet d’intégrer un cadre juridique légal dans la mort assistée et donc de modifier la déontologie médicale.
Mais la définition du cadre reste partiellement floue. Elle permet la sédation profonde d’un malade en fin de vie, or la situation de « fin de vie » est laissée à l’appréciation du médecin et non du patient. Dans le cas d'Alain Cocq, ce dernier ne peut démontrer que sa situation peut être véritablement définie au stade de « fin de vie ».
D’où le malaise assez certain que soulève sa question. Celle de détenir un droit de mort sur sa propre personne même quand "la fin de vie" n'est pas présagée. D'ores et déjà certains se sont manifestés en sa faveur comme Emmanuel Hirsch. En effet, ce dernier, directeur du Conseil pour l'éthique dans la recherche scientifique, voit dans le geste d'Alain Cocq " un acte politique bouleversant et fort " permettant de mettre à la lumière de tous la situation des personnes atteintes de maladies incurables et leurs souffrances. Car il s'agit bel et bien d'une lutte éthique se trouvant au sein du monde médical. Entre l'éthique de soigner à tous prix, et l'éthique d'abréger les souffrances à tous prix.
Dans tous les cas, cette question ne finira pas de mobiliser les plus militants d'entre nous au péril d'oublier les principaux concernés. Affaire à suivre.