Le Brexit piétine. A l'origine, un accord avait été conclu entre la Grande-Bretagne et l'Union Européenne afin de résoudre le problème de la frontière irlandaise, une problématique persistante, pour ainsi dire la seule dans les négociations du Brexit, qui en sont à leur première phase. Mais cet accord a capoté à la dernière minute. La raison : un appel téléphonique provenant du parti unioniste démocratique. Arlene Foster, dirigeante de ce parti qui permet aux conservateurs d'être majoritaires, a confié au Premier ministre britannique qu'elle ne pouvait pas soutenir l'engagement prévu de Downing Street visant à maintenir l'Irlande du Nord alignée sur les lois de l'UE.
Le Premier ministre irlandais, Leo Varadkar, a déclaré qu'un accord avait été conclu mais que le Royaume-Uni avait donc changé d'avis sur la question de la frontière irlandaise après la pression du DUP. « Je suis surpris et déçu que le gouvernement britannique ne semble pas être en mesure de conclure ce qui a été convenu plus tôt aujourd'hui », a t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Dublin. Une nouvelle de dernière minute qui met donc un sérieux frein aux négociations concernant le Brexit.
L'Irlande du Nord bloque les négociations du Brexit
Ce rebondissement soulève de nouvelles questions sur la capacité de Theresa May à réaliser un accord viable qu'elle soit en mesure de proposer aux 27 États membres, tout en donnant satisfaction à Bruxelles.
Juncker et May ont tenté de sauver les apparences concernant l'effondrement des négociations. Le président de la commission a félicité May pour être un « négociateur difficile » qui luttait énergiquement pour les intérêts britanniques. « Sur de nombreux points, il existe une compréhension commune et il est clair que nous voulons aller de l'avant ensemble », a déclaré Theresa May.
« Il y a quelques problèmes, certaines différences subsistent, qui nécessitent d'autres négociations et consultations. Et celles-ci continueront, mais nous nous réunirons de nouveau avant la fin de la semaine et je suis également confiante que nous allons conclure positivement ». Les Etats membres de l'UE auront désormais moins d'une semaine pour approuver un accord que beaucoup n'ont pas encore vu.
Certains diplomates de l'UE sont de plus en plus préoccupés par la prolongation de la date butoir de Juncker, annoncée comme « l'extension du tout dernier cycle ». L'Union européenne et la Grande-Bretagne entrent donc dans une course contre-la-montre.
Le Brexit prévu en mars 2019
De son côté, Arlene Foster a clairement remporté une victoire. Elle a rapidement publié une déclaration insistant sur le fait qu'elle n'accepterait aucun statut spécial pour l'Irlande du Nord puisque le Royaume-Uni quittera l'UE en mars 2019. « Nous avons été très clairs », a-t-elle dit. « L'Irlande du Nord doit quitter l'UE dans les mêmes conditions que le reste du Royaume-Uni. Nous n'accepterons aucune forme de divergence réglementaire qui sépare économiquement ou politiquement l'Irlande du Nord du reste du Royaume-Uni.
L'intégrité économique et constitutionnelle du Royaume-Uni ne sera en aucune façon compromise ». Donald Tusk, président du Conseil européen, s'est lui aussi exprimé en tweetant après l'échec des négociations. « J'étais prêt à présenter demain les projets de directives de l'UE27 pour les discussions #Brexit sur la transition et l'avenir. Mais le Royaume-Uni et la Commission ont demandé plus de temps. Le timing est maintenant très serré, mais un accord au #EUCO de décembre est encore possible ». Les prochains jours risquent donc d'être assez agités afin de parvenir à un accord de dernière minute...