À cause du confinement, la drogue connaît une période de pénurie. Si certains dealers peuvent encore écouler leurs stocks grâce à une production personnelle, d'autres se ravitaillaient à l'étranger. Les frontières étant fermées, difficile de faire passer de la drogue d'un pays à un autre.
Si cela peut sembler être un problème de moins à gérer par la police, qu'en est-il vraiment ? Quelles conséquences sur les dealers et sur les consommateurs ?
Comment s'organisent les dealers ?
Comme de nombreux Français n'avaient pas hésité à se jeter sur le rayon pâtes des supermarchés, certains dealers et consommateurs avaient également décidé de faire des stocks de drogues.
Mais la plupart d'entre eux ne pensait pas que le confinement allait durer si longtemps et les stocks s'amoindrissent.
Les Français sont les plus gros consommateurs de cannabis en Europe. Une étude de l'INSEE de 2018 rapporte que la drogue génère 2,7 milliards d'euros par an dont un milliard d'euros concernent uniquement le cannabis.
Alors qu'un dealer cultivant ses propres plans de cannabis témoignait lors du journal télévisé sur M6 vendredi 17 avril et espérait que le confinement continue, un consommateur, lui, était très inquiet de ne pas pouvoir se réapprovisionner. Malgré son frigo entièrement vide, ce consommateur a dû se déplacer et prendre le risque d'enfreindre le confinement afin de renflouer son stock de cannabis.
Il n'a donc pas hésité à se rendre chez son fournisseur, chez qui les mesures d'hygiène ne sont absolument pas respectées.
Ce consommateur a donc pris le risque de se voir écoper d'une contravention de 135 euros, mais il s'est avant tout exposé au Covid-19. À Melun, des dealers se sont montrés plus créatifs. Vêtus de masques et de tenues de chantier afin de montrer qu'ils se sont protégés du Covid-19, ils appellent leurs consommateurs via les réseaux sociaux, en leur proposant de "passer au cartel".
Bref, si l'épidémie de Coronavirus semble en amuser certains et en faire profiter d'autres, la pénurie de drogues ne sera certainement pas sans conséquence.
Pénurie chez les dealers, quelles conséquences ?
Le deuxième fournisseur présent sur le reportage de M6 explique que pour le moment il peut encore être fourni par quelques personnes, mais que les stocks diminuent petit à petit.
La fermeture des frontières semble être le plus gros frein au réapprovisionnement. Et ce manque de ressources implique forcément des conséquences, à commencer par le prix. Alors que le prix des produits frais augmente dans les supermarchés, crise oblige, le prix de la drogue a lui aussi vu son prix flamber.
Le dealer explique que le prix du gramme de cannabis était à 10 euros avant le confinement. Il est maintenant passé à 12 euros. "C'est bon pour les affaires" s'exprime-t-il. Et bien sûr, les consommateurs, totalement addicts, achèteront quoi qu'il arrive. Ils en ont besoin. Le consommateur dit d'ailleurs : "Même si tu vas avoir des trucs super chers, crois-moi on va le payer le truc".
Mais il y a plus grave.
Les trafiquants de plusieurs grandes villes sont en pénurie, comme à Toulouse par exemple. Les consommateurs se dirigent donc vers d'autres fournisseurs. La tension entre les gangs augmente fortement.
La pénurie chez les dealers est-elle vraiment un soulagement pour les policiers ?
Les dealers en rupture de stock ne pouvant plus fournir, le trafic de drogue tourne au ralenti. Mais les policiers restent sur leurs gardes. Les trafiquants sont visiblement capables d'utiliser de nombreux subterfuges et n'hésitent pas à se délocaliser pour continuer de vendre.
Le trafic est donc certes amoindri, mais pas inexistant. Par ailleurs, un problème plus important inquiète les policiers. Avec ces problèmes de réapprovisionnement, les consommateurs pourraient être en manque.
Et David Le Bars (secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale) craint des "comportements déviants" de leur part.
Plus grave encore, les consommateurs n'hésitent pas à se fournir ailleurs si cela est nécessaire. Les rivalités entre trafiquants augmentent de plus en plus. Une guerre des gangs pourrait éclater à tout moment. La police est donc sur le qui vive. Qu'adviendra t-il si le confinement et la fermeture des frontières se prolongent ? Nous rappelons que la consommation de drogues est formellement interdit par la loi et nuit à votre santé et qu'il est essentiel de rester chez vous afin d'arrêter la propagation du virus.