L’armée des pasdaran iraniens, appelés Gardiens de la révolution, sont le principal outil de répression en Iran et contrôlent également la majeure partie de l'économie iranienne. Or, la semaine dernière, ils ont été ajoutés à la liste des organisations terroristes par le Département du Trésor américain. Cela signifie que les entreprises européennes qui veulent faire des affaires avec l'Iran risquent d'être sanctionnées par le gouvernement américain parce qu'elles peuvent conclure directement ou indirectement un accord avec les pasdaran. Ce nouveau développement conduisent à de nouvelles relations avec Téhéran qui est accusé de soutenir des mouvements extrémistes à travers le Moyen-Orient et la dictature de Bachar Assad en Syrie.
De 13 octobre, le président américain, Donald Trump, a annoncé sa nouvelle stratégie à l'égard du régime iranien, décidant notamment de ne pas certifier le respect par l'Iran de l'accord nucléaire conclu avec les grandes puissances en juillet 2015. Mais la partie la plus importante de son intervention concernait sa décision d'inscrire les Pasdaran sur la liste des organisations terroristes du Département du Trésor américain.
« Notre politique est basée sur notre analyse de la dictature iranienne, son soutien au terrorisme et la poursuite de ses agressions au Moyen-Orient et à travers le monde. Le régime iranien est le premier parrain mondial du terrorisme et apporte une assistance à Al Qaïda, les talibans, Hezbollah, le Hamas et d'autres réseaux terroristes », a-t-il déclaré .
Gagner un accès à la méditerranée
Les ingérences des gardiens de la révolution en Syrie est un des principaux griefs américains à l'égard du régime des mollahs. « En Syrie, le régime iranien a soutenu les atrocités de Bachar Assad et a cautionné utilisation des armes chimiques contre la population sans défense, notamment beaucoup d’enfants », a déclaré Donald Trump.
Depuis le début de la guerre civile syrienne, le régime des mollahs en Iran est engagé aux côtés de Bachar Al-Assad, que ce soit politiquement, financièrement ou militairement. La Syrie, alliée de longue date, représente surtout une zone de contrôle stratégique pour la théocratie iranienne, sans qui en retour le régime syrien serait démuni à bien des niveaux.
Aujourd’hui, cet engagement, plus stratégique qu’idéologique, des mollahs et de la force armée qui protège leur hégémonie, les Pasdaran, n’est plus dissimulé comme aux premières années de la guerre. Ces derniers temps, l’ordre du jour est de s’emparer de 400 km de la route reliant l’Irak à la Syrie pour gagner un accès à la méditerranée.
Pour comprendre l’étendue du contrôle qu’exercent les Pasdarans, il faut visualiser leur emprise sur le terrain. Le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI) a récemment révélé l'ampleur les ingérences iraniennes en Syrie. Ce mouvement d'opposition - dont les Moudjahidine du Peuple (OMPI) sont la principale composante et ont été les premiers à révéler en 2002 existences mêmes du programme nucléaire clandestin iranien - apporte un nouvel éclairage sur l'ingérence des Pasdaran en Syrie.
Les mercenaires étrangers
Le Corps des Gardiens de la Révolution possède un QG dans un immeuble en verre près de l’aéroport de Damas. Trois postes de commandement dirigent les opérations sur trois zones opérationnelles en Syrie :
- l’un est à Alep au Nord (appelé Roqiyah)
- l’autre entre Alep et Damas (Nabi) au centre
- le dernier vers Deraa au Sud (Zeinab).
Pour mener à bien son projet, le CGRI se garantit une provision continue de combattants étrangers, qui d’apparence ne leur semblent pas toujours affiliés, mais qui sont recrutés, entraînés et dirigés par les Pasdarans. L’idéologie semble jouer un rôle secondaire dans ce recrutement, derrière l’appât et la menace : en plus de nombre de groupes chiites irakiens, ce sont des réfugiés Pakistanais (Brigade Zainebiyou) et Afghans hazaras (Brigade Fatemyioune) qui sont envoyés sur le front syrien en échange d’avantages financiers et administratifs : en d’autres termes, on leur promet une solde, et des papiers d’identité.
Un acheminement soigneusement élaboré permet ainsi chaque semaine à environ 2000 Afghans de quitter divers départements iraniens pour la Syrie. De nombreuses troupes composées d’Afghans et de Pakistanais ont aujourd’hui l’ordre de s’emparer des villes syriennes de Deir Ez-Zor, Mayadin et Abu Kamel, près de la partie centrale de la frontière Irak-Syrie. Quant aux mercenaires irakiens (formés et rétribués par le CRGI), une partie de leurs milices sont également déployées le long de la frontière avec l’Irak.
Dans cette campagne pour aider le régime syrien mais surtout étendre son hégémonie et la force de ses alliances vers la mer Méditerranée en contrôlant la Syrie, l’Iran use de forces étrangères pour ne pas attiser le mécontentement populaire à l’intérieur de ses frontières.
En effet, l’implication des mollahs dans cette guerre souffre d’une impopularité grandissante, pour des raisons humaines et économiques. Les mouvements de contestation accusent le régime de laisser tomber son peuple pour défendre ses velléités hégémoniques dans la région.