Scandaleux, ignoble, révoltant, honteux, il n'y a pas d'autres mots pour qualifier l'horreur révélée par la chaîne CNN le 14 novembre dernier. Après avoir reçu des informations venant d'un contact en Libye, des reporters de la chaîne américaine se sont rendus sur place pour assister à une véritable scène d'humiliation : des migrants sont vendus comme esclaves pour travailler en Libye.

L'ignoble trafic

Des milliers de migrants et de réfugiés traversent la Libye chaque année à la recherche d'une vie meilleure en Europe. Mais à cause d'une récente répression, moins de bateaux se dirigent vers la mer, laissant aux trafiquants d'êtres humains un sur-plus de passagers.

Pour s'en débarrasser, les libyens les vendent aux enchères comme esclaves. Sous le regard médusé des journalistes de CNN, une douzaine d'hommes défilent pour être vendus. "Qui a besoin d’un mineur ? C’est homme grand et fort, il va creuser !" annonce l'un des trafiquants. Comme dans une salle de vente aux enchères, les acheteurs potentiels lèvent la main et augmentent le prix au fur et à mesure. La vente est rapidement conclue et des êtres humains résignés et effrayés sont remis à leurs nouveaux maîtres pour quelques centaines de dollars.

Dans cette vidéo tournée par les équipes de CNN, ce migrant actuellement en centre de détention, attend sa déportation vers son pays d'origine, le Nigéria.

Sur son chemin vers l'Europe, il a été vendu comme esclave en Libye. Huit mois plus tard, il négocie pour payer sa rançon et retrouve sa liberté. Face à la caméra, Victory raconte son histoire la gorge nouée par la souffrance : "J'ai été vendu ! Comme toutes les personnes ici j'ai été frappé, fouetté. Beaucoup meurent chaque jour sans que les familles ne soient tenues informées. (...) C'est très douloureux !"

Que fait l'ONU ?

Face à cette véritable ignominie qui fait resurgir des pratiques datant des temps obscurs de l'humanité, l'ONU pointe du doigt la co-responsabilité de l'Union Européenne.

Pour l'organisation, cet ignoble trafic de "marchandises" serait l'effet conjugué du chaos né de l'intervention militaire occidentale et de la politique d'immigration de l'UE. Zeid Ra'ad, le Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme s'est indigné des conditions réservées aux émigrés clandestins parqués en terre libyenne.

"La communauté internationale ne peut pas continuer à ignorer les horreurs inimaginables endurées par les migrants en Libye. (...) C'est un outrage à la conscience de l’humanité !" a-t-il confié, horrifié par la situation. Le constat est terrible et la communauté internationale est montrée du doigt pour son incapacité à protéger ses migrants.

L'Union africaine indignée

De son côté, Alpha Condé, le président de l'Union africaine, a partagé son indignation dans un communiqué de presse publié vendredi 17 novembre : "C'est inimaginable au 21ème siècle de vendre des hommes comme du bétail et de les détenir dans des conditions inadmissibles." Il pointe du doigt l'Europe en lui reprochant d'avoir demandé à la Libye de bloquer les migrants.

Alpha Condé invite également les autorités libyennes a enquêter pour dégager leurs responsabilités et revoir leur politique de détention des migrants.

Il est tout de même incroyable qu'en 2017 l'humain persiste à traiter ses paires comme de vulgaires objets, lorsque ces derniers se trouvent en position de faiblesse. Mais ce qui est encore plus ahurissant, c'est de constater que l'information ne soit pas diffusée par les médias du monde entier. Alors que ces derniers jours nous avons découvert qu'en Libye des hommes, qui ont tout quitté pour survivre, se retrouvaient traités comme de la vulgaire viande sur un étal de marché, les journaux internationaux n'ont pas jugé utile d'en informer leurs citoyens.

Oui, pour le bien des terriens, il était plus urgent ce jour-là de mettre en exergue les fonctionnalités du nouvel iPhone ou de s'indigner conter une équipage U.S. qui a dessiné un pénis dans le ciel.