Résumons d'abord les faits. Neuf jours après sa démission forcée, Saad Hariri a "accordé" une interview assez alarmante sur les tensions qui sévissent au Moyen-Orient et la crise dans laquelle est plongé le Liban qui est au coeur des tensions entre l'Iran et l'Arabie Saoudite. Opposant au Hezbollah libanais et à ses alliés syrien et iranien, il est soupçonné d'avoir agi sous la contrainte du nouveau régime saoudien. Rappelons que le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a, depuis son accession au pouvoir, effectué une purge parmi ses opposants politiques.
Or Saad Hariri entretenait de très bonnes relations avec l'ancien roi Abdallah. Même s'il déclare considérer le prince héritier saoudien de "frère", le fait qu'il ait accordé cette interview surprise après plusieurs jours passés en Arabie Saoudite tout en ne donnant aucune nouvelle à ses proches conseillers, laisse fortement supposer une ingérence saoudienne dans les affaires libanaises.
Affaire Saad Hariri : l'ingérence de la France
Emmanuel Macron s'est entretenu personnellement avec le prince héritier saoudien pour calmer les tensions provoquées par ce scandale international. Mohammed ben Salmane et Macron parvinrent à un arrangement qui s'est conclu par la libération de Saad Hariri et de sa famille.
Pour l'heure, nous ne connaissons pas encore les modalités d'un tel accord entre les deux partis. Il serait intéressant de connaitre les conditions que Macron a accordées pour arriver à ses fins.
Avec cette intervention, l'Élysée nous prouve une fois encore que la France ne s'est toujours pas détachée de son statut d'empire colonial.
Macron a déclaré ne pas reconnaitre la démission de Hariri et qu'il le considère toujours comme le Premier ministre libanais. Ce dernier retournera au Liban mercredi prochain, nous verrons si la présidence libanaise sera en accord avec les propos du président français. Ces agissements d'Emmanuel Macron mettent bien en évidence une ingérence française toujours présente dans ses anciennes colonies pourtant censées être indépendantes depuis plus de trente ans.
Par ailleurs, cette affaire semble loin d'être terminée et met en avant de vives tensions au Moyen-Orient qui risquent d'aggraver une situation déjà alarmante. Le fait que la France intervienne risque de la plonger une nouvelle fois dans un conflit dont elle aura du mal à s'en dépêtrer. Il semble que la guerre en Libye, dont les répercussions ont entrainé un déferlement migratoire sur l'Europe et une situation apocalyptique sur le territoire Lybien, ne lui a pas servi de leçon.