"J'ai le peuple avec moi !" déclarait-il avec une assurance désarmante, le candidat à a présidentielle dans son dernier meeting de campagne. George Weah ne s'est effectivement pas trompé puisque l'homme a remporté jeudi soir l'élection présidentielle avec 61,5% des voix, contre 38,5% pour Jospeh Boakai, le vice-président sortant. L'ancien attaquant star de l'AS Monaco, du Milan AC et du PSG succédera à Ellen Johnson Sirleaf (première femme élue présidente en Afrique en 2005) le 22 janvier 2018 et deviendra le premier joueur professionnel à devenir chef d'Etat.

Du foot aux urnes

Enfant des bidonvilles, George Weah naît dans la pauvreté à Monrovia, capitale du Liberia. Doté d'une ambition hors du commun, il deviendra dans les années 1990 un très grand joueur de football et sera le seul africain à remporter le Ballon d'or en 1995. Originaire de l'ethnie kru (populations indigènes du Liberia) et ne faisant pas partie de l'élite descendant des esclaves américains qui ont fondé le pays en 1822 et qui ont toujours dominé la vie politique au Liberia, "Mister George" a vu sa vie basculer à l'âge de 22 ans. Arsène Wenger, entraîneur de Monaco en 1988, repère le joueur au Tonnerre Yaoundé (Cameroun) et le fait entrer à l'AS Monaco. Pendant 14 années, l'attaquant jouera dans les plus grands clubs de foot d'Europe tels que le PSG, l'OM, Milan AC, Chelsea, et Manchester City

Mais à ce moment-là dans son pays, une guerre civile fait rage entre 1989 et 2003 et tue 250 000 personnes.

A la fin du conflit, George Weah décide d'entrer en politique, mais sera battu au second tour de l'élection présidentielle par Ellen Johnson Sirleaf en 2005. En décembre 2014, il obtient son premier mandat en devenant sénateur. Aujourd'hui, le rêve de sa seconde vie vient de s'exaucer.

"Au Liberia, personne ne peut me battre !"

A 51 ans, le très populaire George Weah s'annonçait comme le favori après avoir été vainqueur au premier tour du 10 octobre avec plus de 38% des voix. Très confiant, l'ex-star du football a publié ce message sur Twitter mardi dernier : "Le peuple libérien a fait son choix et ensemble, nous sommes optimistes quant à l'issue du processus électoral." Sur son compte officiel, Weah a déjà modifié sa bio pour "President-elect of the Republic of Liberia".

Weah qui s'était déjà présenté en 2005 et en 2011, est un 'fils du peuple' perçu comme un homme honnête par les libériens contrairement à son prédécesseur Charles Taylor.En effet, l'ancien dictateur, qui a dirigé le Liberia de 1997 à 2003, a été condamné par la justice internationale à 50 ans de prison pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis en Sierra Leone.

Le nouveau parti de George Weah intitulé "le Congrès pour le changement démocratique" est une énorme machine de guerre qui réunit des milliers de partisans dans les stades libériens.

En dénonçant la corruption gouvernementale, Weah soulève les foules et gagne le soutien de la présidente sortante Ellen Johnson Sirleaf, qui n'hésite pas à s'afficher à ses côtés quelques jours avant le second tour de l'élection présidentielle.

A présent, l'ancien footballeur professionnel est attendu au tournant par les jeunes et les classes défavorisées pour recréer des emplois, lutter contre la fraude, et réparer les système de santé et éducatif. Rappelons que le Liberia vient à peine de se remettre d'une épidémie d'Ebola... Après la guerre civile et la maladie, le Liberia s'apprête à vivre une transition en douceur. Mardi dernier, la présidente sortante, Ellen Johnson Sirleaf, a signé un décret constituant une 'équipe de transition' constituée de plusieurs ministres.