Identifié comme M. Skripal par M. Boris Johnson, ministre britannique des Affaires étrangères, un homme d'environ une soixantaine d'années a été admis aux urgences et diagnostiqué pour "une exposition présumée à une substance toxique". Sergueï Skripal était un double agent pendant près de dix ans, et ce dernier fournissait aux services britanniques des renseignements concernant les forces militaires russes. Ayant été découvert et libéré lors d’un échange d’espions spectaculaire en 2010, l’homme s’était réfugié sur le sol anglais depuis un bon moment.
Mais cet individu, aux dernières nouvelles, serait donc victime d'un empoisonnement. Avec sa fille nommée Youlia et âgée de 33 ans, ils ont été découverts à moitié morts dans un grand magasin ce dimanche, toujours selon les déclarations de Boris Johnson.
Un espion avec une double mission
Sergueï Skripal est né le 9 juin 1951. Il faisait partie des services de renseignement de la Russie, le GRU. Ayant travaillé dans ce service jusqu’en 1999 où il a obtenu même le grade de colonel, il fut affecté au ministère des affaires étrangères russe avant d’être Professeur à l’Académie militaro-diplomatique du ministère de la Défense, si on s’en tient aux informations révélées par l’agence TASS.
Mais déjà depuis 1995, le colonel est devenu un infiltré appartenant aux services britanniques.
Il fournissait des informations sensibles comme les noms des agents secrets russes qui travaillaient en Europe, les stratégies de combat de l’armée russe, etc. Pour faire ce travail, un virement de 100 000 dollars aurait été fait sur son compte bancaire d’Espagne. Une fois démasqué et mis aux arrêts, il fut dégradé et devra purger une peine de 13 ans de camp en août 2006.
Cependant, la capture retentissante de 10 militaires russes qualifiés d’agents " dormants " en 2010 a précipité la libération de l’ancien colonel russe. Amnistié par le chef d’état russe d’antan, Dmitri Medvedev, il sera échangé avec trois autres militaires russes contre les agents russes qui se sont avérés être des agents du Kremlin.
Ce fut un échange qui est resté gravé dans l’histoire, et précisons-le, le plus capital depuis la guerre froide.
Interdisant aux citoyens britanniques l’accès aux urgences de l’hôpital de Salisbury, hôpital qui a reçu le patient, le représentant des autorités sanitaires a toutefois rassuré la population qu’il n’y a pas encore de risque de contamination. Cependant, la police de Wiltshire informe le public d’aller vite se faire diagnostiquer si leur « état de santé ou celui de quelqu’un d’autre se détériore rapidement ». Pourquoi donc autant de mise en garde ?
La piste russe
S’étant rapproché du Kremlin, ce dernier affirme ne rien savoir du drame qui frappe Sergueï Skripal et sa fille. Dans une interview, le porte-parole de Vladimir Poutine affirme : " Vous savez pourquoi il était en Occident, à la suite de quelles actions et décisions, je ne vais pas revenir dessus.
Et maintenant, nous observons qu’une situation tragique a eu lieu ".
Mais l’affaire Skripal a des similitudes avec l’affaire Litvinenko. Souvenez-vous que Litvinenko était aussi un ancien agent des services secrets russe. Il s’est opposé à Vladimir Poutine, et s’est vu intoxiqué au polonium-210 à Londres. Tout inculpait les autorités russes pour ce meurtre, mais Moscou n’a reconnu aucun des faits. La veuve d’Alexander Litvinenko affirme : " Cela ressemble à ce qui est arrivé à mon mari, mais nous devons attendre plus d’informations "
Il faut quand même reconnaitre que Sergueï Skripal était sans importance puisqu’il avait été déjà arrêté et libéré, contrairement à Litvinenko...