Fin février, le président Mauricio Macri a autorisé un débat au Congrès portant sur la légalisation de l’avortement sans conditions. Ce débat intervient quelques jours avant la présentation devant les parlementaires, le 6 mars, d’un texte de loi écrit par l’alliance Campagne Nationale pour le droit à l’avortement légal, sûr et gratuit. Ce texte propose une légalisation de l’avortement jusqu’à la 14ème semaine de grossesse.
« Une nouvelle loi sur l’avortement en Argentine ? »
Actuellement, l'avortement en Argentine n’est autorisé qu'en cas de viol ou de risque pour la santé de la mère.
D'ailleurs, le code pénal dans son article 85 condamne d’une peine de un à quatre ans de prison, toute personne qui réalise un avortement illégal avec consentement de la femme et de six ans si l’avortement provoque la mort de la mère.
« Depuis 1983, 3000 femmes sont mortes des suites d’un avortement clandestin. »
Dans ce pays à 90% catholique, il est compliqué pour les associations de défense des droits des femmes de faire entendre leur cause et ce, malgré des chiffres préoccupants. En effet, environ 500.000 femmes ont recours à l’avortement illégal chaque année. En 2017, d’après le gouvernement argentin, 43 femmes seraient décédées des suites d’un avortement clandestin.
Face à ces chiffres, l’ONU a tiré la sonnette d’alarme.
En novembre 2017, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a publié un document invitant l’Argentine à créer des lois nécessaires permettant aux femmes un accès « à des services complets de santé reproductive, incluant l’éducation sexuelle, la création de plannings familiaux, la prévention face à la violence sexuelle et de genre, l’avortement légal et le suivi post-avortement ».
Pour A.B, favorable à la légalisation de l'avortement, il s’agit avant tout « d’une question de santé publique et non pas d'une question relevant de la morale. Nous voulons une éducation sexuelle pour décider, des moyens de contraception pour ne pas avorter et un avortement légal pour ne pas mourir. (...) Mais en Argentine, l’Eglise étant proche de l’Etat, le dialogue est difficile et la transformation de la société est retardée.»
« Un point sur l’avortement illégal dans le monde.»
D’après l’ONU, 4 millions d’avortements clandestins ont lieu par an en Amérique latine.
Pour le moment, seuls l’Uruguay, la Guyane, Cuba et la ville de Mexico autorisent l’IVG. Alors que certains pays comme le Salvador, le Nicaragua, le Honduras l’ont totalement interdit, d’autres l’ont partiellement autorisé en cas de viol ou de mise en danger de la santé de la mère. C’est le cas par exemple du Chili, de l’Argentine, de la Colombie, du Venezuela ou du Paraguay.
A l'échelle mondiale, l’OMS estime à 25 millions le nombre d’avortements non sécurisés réalisés chaque année entre 2010 et 2014. Parmi ces avortements, 97% ont été pratiqués dans des pays d'Amérique latine, d'Afrique et d'Asie. Pour l'organisation, un meilleur encadrement de l’avortement permettrait de minimiser les risques de décès. Il convient en effet de rappeler que chaque année, ce sont environ 47.000 femmes qui meurent des suites d’un avortement non sécurisé.