Si l'on devait résumer la situation actuelle pour une partie des habitants du nord de la bande de Gaza, on pourrait dire qu'ils sont sauvés. Ce n'est pas moins de 360 000 personnes qui ont vu ouvrir, après treize années de désespoir, d'attentes et de frayeur, une station d'épuration, vitale pour le maintien de la zone et pour éviter une catastrophe sans précédent. Elémentaire dans la majeure partie du monde, cette station, du nom de Ngest, est ici vue comme un luxe, voire un miracle. Plus personne n'y croyait. Ayant coûté 73 millions de dollars, dont 19 millions payés par l'Agence Française de Développement (AFD), ce site servira au traitement des eaux usées générés par les centaines de milliers d'habitants dans ce secteur.

Ironie de l'histoire, ce bassin a été imaginé "en urgence" en 2005, afin de garantir la sécurité des populations face à un risque majeur de désastre environnemental. Des bassins créés dans les années 70 par Israël ne pouvait plus supporter le poids de ce chargement infect, et menaçait déjà de céder et donc de provoquer de lourds dégâts. En 2007, 5 Palestiniens ont perdu la vie dans une inondation de 60 000m3 de ce liquide malpropre. Un tas de sable est le seul "bouclier" de ces peuplements face à l'insécurité permanente de ces vieux réservoirs.

Pourquoi ce projet a mis autant de temps à se concrétiser ?

Les raisons de ce retard d'une décennie sont multiples : les conflits constants et chroniques ont contribué aux ralentissements du chantier.

Par la suite, il y a cette défiance d'Israël. En effet, l'Etat hébreu n'aurait pas souhaité fournir la bande de Gaza de certains matériaux. Enfin, la liquidation d'un prestataire allemand, en 2013, a endigué net toute possibilité d'évolution des constructions. Ce qui motivera finalement Israël a aider le gouvernement palestinien dans la réalisation de ce projet est la crise humanitaire en cours.

La Palestine, quant à elle, s'engage à ne pas amputer le temps d'électricité quotidien alloué aux Palestiniens pour nourrir cette station d'épuration.

Les différents bassins auront pour lourde tâche de résorber les eaux polluées préservées dans les bassins obsolètes de Beit Lahya, mais également celles qui se sont vu pénétrées dans le sol pour prévenir tout gonflement du lac.

L'Autorité Palestine de l'Eau (PWA) compte empêcher la propagation de ces liquides vers Gaza via la nappe phréatique, poursuivant en annonçant que "Trois mégawatts supplémentaires seront à terme nécessaires pour pomper ces eaux filtrées".