Mardi dernier, le journaliste Jamal Khashoggi se rendait au consulat saoudien en Turquie pour y effectuer des démarches administratives. Il est, depuis cette visite, porté disparu. Les autorités turques estiment que le journaliste et critique du gouvernement de Ryad, a été tué à l'intérieur même du consulat saoudien.
Un représentant turc a affirmé à Reuters que “Les premières conclusions de la police turque sont que M. Khashoggi a été tué au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul. Nous pensons que le meurtre était prémédité et que le corps a ensuite été déplacé du consulat”.
Reporters Sans Frontières s'inquiète pour la liberté de la presse
Reporters Sans Frontières (RSF) a réagi à la nouvelle sur Twitter, expliquant que si les accusations portées par la Turquie à l'encontre de l'Arabie Saoudite s'avéraient vraies, "cela constituerait une attaque horrible, totalement déplorable et absolument inacceptable contre la liberté de la presse".
Christophe Deloire, secrétaire général de RSF, s'est également indigné de la disparition du journaliste, disant qu'il s'agirait d'un "crime d'Etat d'un autre temps" si un tel crime avait été commis.
S'il était avéré que le journaliste Jamal #Khashoggi a été assassiné au consulat d'#ArabieSaoudite à Istanbul par des agents du royaume, comme l'assure la police turque, il s'agirait d'un crime d'Etat d'un autre temps. https://t.co/hdbNiTwtFD #PressFreedom pic.twitter.com/SYFHrn0lBQ
— Christophe Deloire (@cdeloire) 7 octobre 2018
Une accusation réfutée par les autorités saoudiennes
Mohamed ben Salman, prince héritier saoudien a démenti l'accusation vendredi, assurant que Jamal Khashoggi avait quitté le consulat après avoir effectué ses démarches administratives.
Lors d'une interview accordée vendredi à l'agence Bloomberg, le prince a déclaré : "D'après ce que j'ai compris, il est entré et est ressorti après quelques minutes ou une heure. Je ne suis pas sûr".
Il a également invité les autorités turques à venir inspecter le consulat à Istanbul, disant "nous n'avons rien à cacher".
Un journaliste engagé, critique du pouvoir de Ryad
Jamal Khashoggi s'était exilé aux Etats-Unis depuis plus d'un an, quittant son pays d'origine après que les autorités saoudiennes lui aient demandé de cesser de s'exprimer sur son compte Twitter, qui rassemble plus d'un million d'abonnés.
Depuis son arrivée aux Etats-Unis, le journaliste écrivait pour le Washington Post, et dénonçait le gouvernement de Ryad, s'indignant de la répression et de la censure qu'il exerce.
Rappelons que les relations entre Ankara et Ryad sont tendues depuis plus d'un an, lorsque la Turquie a pris le parti du Qatar dans le conflit de ce dernier avec ses voisins du Golfe.
En mars dernier, le journaliste publiait un éditorial dans The Guardian, co-signé avec Robert Lacey, dans lequel il écrivait que le prince héritier Mohamed ben Salman "semble faire bouger le pays d'un extrémisme religieux d'une autre époque vers son propre extrémisme 'Vous devez accepter mes réformes', sans aucune consultation et avec des arrestations et des disparitions de ses détracteurs. Son programme ignore-t-il la plus importante des réformes, la démocratie?"
Hommage rendu par le Washington Post
En signe de soutien, dans l'édition de vendredi, le Washington Post a laissé vide l'espace qui aurait dû être occupé par la chronique de Jamal Khashoggi.
This should be a tweet promoting a column by Jamal Khashoggi.
— Washington Post Opinions (@PostOpinions) 5 octobre 2018
Khashoggi’s words should appear in the link inside, but he has not been heard from since he entered a Saudi consulate in Istanbul for a routine consular matter on Tuesday afternoon. https://t.co/msYO3eEnGG