Fin du déni. Les autorités saoudiennes ont finalement reconnu que le journaliste Jamal Khashoggi a bien été tué à l'intérieur du consulat d'Arabie Saoudite à Istanbul. La confirmation du décès du journaliste a été annoncée par l'agence de presse officielle du royaume.
"Les discussions entre Jamal Khashoggi et ceux qu’il a rencontrés au consulat du royaume à Istanbul (…) ont débouché sur une rixe, ce qui a conduit à sa mort", a déclaré l'Agence de Presse Saoudienne.
Jamal Khashoggi avait disparu depuis le 2 octobre dernier, après être rentré à l'intérieur de son consulat en Turquie.
L'Arabie Saoudite avait jusqu'à présent soutenu que le journaliste en était ressorti après avoir effectué des démarches administratives, qualifiant de "sans fondement" les accusations internationales.
Une version qui divise
Dans un communiqué publié par les Nations Unies, Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU, s'est dit "profondément troublé par la confirmation de la mort de Jamal Khashoggi" et rappelle "la nécessité d'une enquête rapide, approfondie et transparente".
.@antonioguterres is deeply troubled by the confirmation of the death of Jamal Khashoggi. He stresses the need for a prompt, thorough and transparent investigation and full accountability for those responsible. Full statement here: https://t.co/izkkQVmA5m
— UN Spokesperson (@UN_Spokesperson) 20 octobre 2018
Pour Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières, l'entière vérité n'a pas encore été révélée.
Il s'est ainsi exprimé sur Twitter pour dénoncer le brouillard qui persiste autour des conditions de la mort du journaliste. "Après la reconnaissance de la mort de Khashoggi, nous attendons le maintien d’une pression internationale déterminée, constante et puissante sur l’Arabie saoudite pour obtenir l’entière vérité sur le meurtre et la libération des journalistes saoudiens", a-t-il dit.
Après la reconnaissance de la mort de Khashoggi, nous attendons le maintien d’une pression internationale déterminée, constante et puissante sur l’Arabie saoudite pour obtenir l’entière vérité sur le meurtre et la libération des journalistes saoudiens #KhashoggiMurder pic.twitter.com/Y8WUolGnP1
— Christophe Deloire (@cdeloire) 20 octobre 2018
Le président américain Donald Trump considère, quant à lui, les déclarations saoudiennes comme "crédibles", rappelant tout de même que "même si l'Arabie Saoudite a été un allié important (…) ce qui s'est passé est inacceptable".
Concernant l’application de sanctions, Trump a annoncé que "Le Congrès sera très impliqué pour décider de la suite (…). Je serai très à l’écoute de ce qu’il dira".
Le corps du journaliste toujours introuvable
L’Agence de Presse Saoudienne a indiqué que dix-huit ressortissants Saoudiens avaient été arrêtés, et que l’enquête se poursuivait. Riyad a, par la même occasion, annoncé la destitution d’un haut responsable du renseignement et celle d’un conseiller à la cour royale. Ils étaient tous deux proches du Prince héritier Mohammed Ben Salman, sur qui la pression était forte ces dernières semaines.
Par ailleurs, la police turque poursuit les fouilles dans la campagne environnante d’Istanbul afin de retrouver le corps de Jamal Khashoggi, information qui n’a pas été révélée par le royaume. Les médias turcs affirment que des enregistrements audio prouvent que le journaliste a été torturé avant d'être décapité.