Moscou a adressé une pointe à Emmanuel Macron à l'occasion d'une séance de travail du Conseil de sécurité de l'ONU organisée samedi pour répondre à la crise qui secoue le Venezuela depuis quelques jours. Son représentant Vassily Nebenzia a notamment demandé à la France si elle serait intéressée de voir la situation des "gilets jaunes" mise officiellement à l'agenda de l'instance mondiale.

Il faut dire que dans le cercle décisionnaire de la diplomatie mondiale, les rebondissements de ces derniers jours à Caracas soulèvent un certain nombre d'inquiétudes.

A Paris, tout comme à Berlin et à Madrid on s'est en effet déclaré disposé à reconnaître l'opposant à Maduro, Juan Guaido, dans la mesure où de nouvelles élections n'étaient pas annoncées sous les huit prochains jours : une "ingérence" de l'Union européenne vivement décriée par Moscou.

Une volonté de marquer le coup

Et bien sûr, quel plus bel exemple pour exprimer son opposition à des pressions étrangères que celui de la crise qui secoue l'exécutif français depuis des semaines. Si Vassily Nebenzia a assuré à la représentante française que sa déclaration ne traduisait pas une intention de saisir le Conseil de sécurité de l'ONU, il tenait à répondre à un argument soulevé par son homologue allemand.

Christoph Heusgen avançait ainsi lors de la réunion onusienne qu'il incombait à l'instance de faire "de la diplomatie préventive" face à une situation explosive dans le pays de Nicolas Maduro. Une intervention qui a donné à l'ambassadeur russe de lancer une proposition purement rhétorique sur la base d'une égalité de traitement alors qu'en France, Emmanuel Macron continue d'essuyer des salves de contestations de manifestants en colère.

Un appel à la non-ingérence

Fort de son plaidoyer, Vassily Nebenzia a ainsi invité ses homologues à respecter les autorités légitimes des pays même si la tête des dirigeants en place ne leur convenaient pas. Objectif affiché, éviter clairement de s'engager dans des affaires internes à un Etat en pensant imposer des solutions de l'extérieur, alors que cela ne peut être que source de déclenchement de conflits incontrôlables.

L'ambassadeur allemand a toutefois regretté un raccourci du représentant russe qui a, selon lui, évoqué "22 000 manifestants en France" alors que lui s'appuie sur les "3,3 millions de Vénézuéliens qui ont fui leur pays".

Toutefois, un plus tard au courant de la même réunion, le représentant de Caracas, Jorge Arreaza, a lui aussi critiqué la position français, estimant qu'Emmanuel Macron avait suffisamment à faire avec les "gilets jaunes" pour éviter de se mêler des affaires du Venezuela. Un avertissement criard et cinglant que le président français serait bien inspiré de ne pas totalement ignorer.