Dans le village peul décimé d'Ogossogou, au centre du Mali, 160 personnes - hommes, femmes, enfants - ont été massacrées, samedi 23 mars 2019, par des chasseurs traditionnels de la zone de Bankass, près du Burkina Faso, selon les dernières hypothèses formulées par les autorités locales. Des corps en décomposition, des milliers de douilles qui jonchent le sol, les habitations et le bétail brûlés, les images du village témoignent de la violence de l'attaque, la plus sanglante depuis 2013.

Crime de masse

Les affrontements inter-communautaires sont fréquents dans cette zone frontalière.

Notamment depuis l'apparition d'un groupe de djihadistes composé d'éleveurs peuls et dirigé par le prédicateur Amadou Koufa. Mais les tensions entre la communauté peul et les ethnies bambara et dogon deviennent de plus en plus meurtrières dans toute la région et auraient coûté la vie à plus de 500 civils en 2018, selon l'Organisation des Nations-unies.

Ce crime de masse n'a pour l'heure toujours pas été revendiqué. Toutefois, le gouvernement, par l'intermédiaire du ministre de la Justice, a annoncé la dissolution de la milice dogon Dan Nan Ambassagou, milice d'auto-défense qui a pourtant nié toute implication. Le conseiller municipal de Bankass a évoqué une "épuration ethnique" avant d'annoncer le dernier bilan de cette tuerie, la plus sanglante depuis près de 6 ans.

Hauts gradés limogés

Le drame s'est produit pendant la visite du Conseil de sécurité de l'ONU au Mali et au Burkina Faso. Antonio Guterres, secrétaire général de l'organisation, s'est dit "choqué" et a appelé les autorités maliennes à traduire les auteurs du massacre en justice.

Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, qui s'est rendu sur place en hélicoptère, a fait part à la presse de son émotion :

"Ce que j'ai vu là, ces gamines qui n'ont rien fait, criblées de balles, (...) ces personnes âgées calcinées, ces maisons où l'on sait qu'il y a des êtres humains à l'intérieur et que l'on enflamme, ça rappelle des horreurs que nous croyions définitivement enfouies dans la mémoire historique...", selon RFI qui rapporte les propos du président.

Plusieurs militaires ont été limogés par la présidence malienne, parmi lesquels, le chef d'état major général des Armées ainsi que celui de l'armée de Terre et de l'Air. La France a de son côté appelé à une désescalade de la violence dans la région et a réclamé un désarmement des milices locales.