57 ans après, les Algériens fêtent la Victoire sur la France colonisatrice de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu décidé par les accords d'Evian du 19 mars 1962. Pour rappel, ces accords ont mis officiellement fin à huit années de guerre, d'opérations militaires françaises en Algérie et à la fin de la guerre de l'Indépendance (1954-1962). L'Indépendance du pays est devenue par la suite effective le 3 juillet puis proclamée le 5 juillet 1962.

La France en délicatesse

Pour la France et son président, Emmanuel Macron, ce devoir de mémoire semble, au vu du contexte contestataire, diplomatiquement délicat.

Accusé d'ingérence et de prises de position pour la continuité d’un système, en accueillant favorablement la feuille de route de Bouteflika, le chef de l'Etat français a tenu à préciser sa démarche : "Quelques commentaires que ce soient, ça sera perçu comme une immixtion. Il y a des échanges qui sont constants pour essayer d’accompagner ce qui est une forme de transition des dirigeants en Algérie", a-t-il déclaré lors du Grand débat des idées en direct sur France Culture lundi 18 mars 2019.

Mémoire et mobilisation générale

Pour l'occasion, étudiants, intellectuels, fonctionnaires, médecins, pompiers, sont appelés à manifester à nouveau contre le maintien du pouvoir en place et du président Abdelaziz Bouteflika ce mardi 19 mars 2019.

En effet, dans un message publié par les médias d'Etat et adressé au peuple algérien, ce dernier a confirmé qu'il resterait président après l'expiration de son quatrième mandat qui devait pourtant prendre fin le 28 avril 2019.

Le chef de l'Etat compte donc rester à son poste le temps d'un processus viable de transition démocratique et ce, contre les appels à la démission de la population qui, depuis le 22 février 2019 date de la première marche pour la dignité, réclame purement et simplement son retrait.

"Il faut être solidaire"

Dans son message, Abdelaziz Bouteflika a assuré que la Conférence nationale se tiendra dans un "très proche avenir". Cette nouvelle disposition, observée comme une énième manoeuvre du pouvoir en difficulté depuis un mois, est chargée de changer le "régime de gouvernance" et de "renouveler ses systèmes politiques, économiques et sociales".

Reste que sous le slogan "Les descendants du 19 mars 1962 portent le flambeau du 19 mars 2019", les étudiants, au sein d'une mobilisation que l'on attend générale, iront donc à nouveau défiler pacifiquement dans toutes les villes du pays. De même, l'ordre des médecins a appelé de son côté dès le 17 mars, à rejoindre les cortèges de ce mardi de la Victoire.

La pression des intellectuels hostiles au régime se fait également clairement plus forte. A l'image du prix Goncourt, Kamel Daoud, qui appelle désormais à la solidarité et l'unité : "Il faut soutenir les premières victimes directes de la Révolution : le policier qui a rejoint les manifestations, le douanier, le personnel d'escale de Tassili Airlines à l'aéroport d'Alger, les juges qui ont été sanctionnés.

(…) Nous ne laisserons plus un algérien seul face au Régime et ses hommes de main. Il faut être solidaire avec chaque personne qui rejoint les rangs. Il faut les sécuriser pour accélérer ce mouvement, l'amplifier", avait-il écrit sur le réseau Twitter dimanche 17 mars 2019.