A l'instar de François Fillon, ravagé par les récentes révélations du canard enchaîné, dévoilant le travail fictif grassement rémunéré de sa femme Pénélope, Marine Le Pen, qui ne s'est pas manquée de dénoncer sur le journal de 13h de TF1 du 28 janvier dernier les pratiques de son rival républicain, dénonce vigoureusement la calomnie et la manipulation politique du parlement européen.

Car elle a également à faire, avec son parti, aux retombées de leur fâcheuse manie à cumuler les fonctions et à se mélanger dans les fiches de paie ! Il lui est en effet reproché de se servir de ses indemnités de parlementaire européenne pour payer deux de ses collaborateurs, Catherine Griset et Thierry Légier, qui travaillent pour le parti, et non dans le cadre de l'exercice du mandat parlementaire. En tant qu'assistante parlementaire à temps-plein, Catherine Griset se doit, selon les règles européennes, de travailler entre Bruxelles et Strasbourg, occupée au travail parlementaire européen qui nécessite très facilement un trente-cinq heures.

Mais comment faire lorsqu'on a aussi la casquette de cheffe de secrétariat de la présidente FN et cheffe de cabinet à Nanterre ? Quant à Thierry Légier, ancien garde du corps de Jean-Marie Le Pen, puis de Marine Le Pen, on peut se demander effectivement son rôle en tant qu'attaché parlementaire...

Suite à l'enquête menée par l'office antifraude européen qui réclamait le remboursement de la modique somme de 339 000 euros d'argent public détourné que Marine Le Pen n'a pas voulu s'acquitter sans élément de défense probant, le parlement européen a par le fait annoncé jeudi 2 février, qu'il allait se rembourser des salaires indûment versés à ces deux attachés parlementaires, en prélevant dorénavant 50% de son indemnité d'élue. Ce n'est pas sans rappeler que déjà en 2012, le parlement avait tiqué lorsqu'elle employait son compagnon, Louis Aliot, ainsi que Florian Philippot pendant les élections présidentielles, entretenant toujours ce flou permettant de jouer avec les frontières du légal, du tolérable.

Une enquête judiciaire française est également en cours, pouvant remettre en question le financement du Front National et porter un coup fatal aux finances du parti déjà mal-en-point.

Marine Le Pen, la pratique du flou, mais aussi le discours du flou

Pour rajouter une couche à ses déboires, Marine Le Pen, qui entretient le flou, est évasive pour nourrir l'incompréhension et les préjugés afin de servir ses intérêts politiques, se fait vite fait rattraper lorsqu'il s'agit de s'expliquer sur ses propres propos dont elle ne se souvient plus... Lors de son entretien avec la journaliste américaine Christiane Amanpour sur CNN mercredi 1er février, elle a été confrontée à sa pratique du maniement des amalgames, en associant les migrants clandestins à des personnes violentes, voleuses et intolérantes. Prétextant une erreur de traduction, se convoquant tolérante et hospitalière, elle n'a pas pu s'expliquer sur cet "étrange" rapprochement, seulement en rappelant que la France ne peut pas accueillir tout le monde...

Le reste de l'entretien est fort instructif, notamment sur sa vision "altérée" de la réalité internationale estimant qu'il n'y avait pas eu d'invasion de la Crimée... Il va falloir à Marine le Pen de revoir ses pratiques et discours du flou et être plus claire avec elle-même si elle veut obtenir de la crédibilité pour ces élections présidentielles.