Ils sont 17 à signer derrière Gérard Larcher la tribune libre du Figaro affirmant un total soutien à la candidature de François Fillon. 17 députés et sénateurs sur 412 de Les Républicains et de l'UDI, les deux formations des primaires de la droite et du centre, siégeant au palais du Luxembourg ou au Palais Bourbon. Soit 4% des effectifs. Certes, il s'agit de Gérard Larcher, président du Sénat, des présidents des groupes parlementaires, Christian Jacob, Bruno Retailleau, Philippe Vigier et François Zocchetto, de Bernard Accoyer, et de chefs de file des tendances et courants, dont François Baroin, Laurent Wauquiez, Brice Hortefeux, trois sarkozystes, de Luc Chatel, Jean-François Copé, Nathalie Kosciusko-Morizet, Isabelle Le Callennec, Bruno Le Maire, Hervé Morin, Thierry Solère et Jean-Pierre Raffarin.
Des "poids lourds", et surtout des "premiers signataires". Mais on pouvait penser qu'en dépit de l'heure assez tardive de l'annonce de la publication de cette tribune, beaucoup de sénateurs sûrs de leur reconduite au Sénat, nombre de députés assurés de retrouver leur siège à l'Assemblée, auraient fait des pieds et des mains pour s'assurer de figurer parmi les soutiens de François Fillon. On pouvait comprendre que de rares sollicités, soucieux de ne pas déconcerter un électorat flottant, aient pu se rendre injoignables… À moins qu'il ait été décidé de ne s'en tenir qu'à une première liste restreinte, histoire d'éviter que, par exemple, le décompte fasse passer des personnalités pour hostiles à François Fillon (un nom au hasard ?
celui de Rachida Dati peut-être), ou de laisser toute la place possible au texte. Cela fait, comment dire, escouade de colonels et généraux ? N'écrivons pas "stalag d'officiers d'états-majors'', ce qui pourrait être mal interprété. Quand il faut sauver le maréchal Fillon du Penelopegate, une section, certes éminente, suffit-elle ?
Écartés de la primaire
Bien sûr, on remarque l'absence d'Henri Guaino et de Michèle Alliot-Marie. Mais, parmi les écartés du premier tour de la primaire figuraient aussi Geoffroy Didier, Frédéric Lefebvre, Hervé Mariton, Nadine Morano et Jacques Myard. Parmi les candidats s'étant retirés (trois dont Hassen Hammou), il y avait Xavier Bertrand et Christian Estrosi. Et chez les demi-finalistes, bien sûr Nicolas Sarkozy, Jean-Frédéric Poisson, et Alain Juppé.
Georges Fenech ne pouvait se déjuger et signer, son absence n'étonnera donc personne. Mais quand François Fillon est "cloué au pilori médiatique et politique'', que "tous les coups sont permis", qu'on ''jette au loup un homme, sa femme, ses enfants, ses collaborateurs, sans entendre leurs arguments ni entendre leur défense", on pouvait imaginer que la mobilisation serait plus générale, que le ban et l'arrière-ban de l'ost se lèveraient tels une seule femme, un seul homme, que le carré des vieilles et jeunes gardes s'élargirait de lourds bataillons. On ne peut non plus arguer que le temps ait manqué : dès mardi soir, la seconde salve des "coups" ennemis avait été tirée puisque Le Canard enchaîné parvenait dans les rédactions.
Quand le sort de la France inquiète autant, quand "la tentative de mise à mort vise à installer un face à face mortel'' (entre gauche et Front national, agents de l'étranger), 17 signataires, cela fait un peu… île d'Elbe après les adieux de Fontainebleau ? Il faut dire que depuis hier, le site du Figaro ne met guère en avant cette tribune, mais ce titre : "'Je n'ai jamais été l'assistante de mon mari', déclarait Penelope Fillon en 2007". Entendez peut-être que c'était l'inverse, ou que l'appellation était un peu trop en deçà du réel, ne rendait que trop peu compte du rôle politique éminent qui était le sien. Ou que, tout simplement, elle désirait éluder des questions sensibles quand le Sunday Telegraph l'interrogeait… Le Penelopegate aurait-il entamé la solidarité de LR et de l'UDI avec François Fillon ? On se refusera à le croire, ou même d'y penser furtivement (sinon, vite aller à confession).