On apprenait cela en école de journalisme : je n'ai plus les détails, mais les agenciers annoncèrent trois fois le décès du maréchal Pétain. Peut-être la première fois parce qu'un cercueil avait été apporté à l'île d'Yeu (mars 1950), qu'une seconde confidence d'un gardien avait induit en erreur, bref… J'ai oublié les détails mais me souvient de l'adage voulant qu'une info plus un démenti font deux infos.
Alors, dans un premier temps, L'Obs' publia que Gérard Larcher avait déclaré François Fillon mort politiquement. Ce fut démenti par le président du Sénat. Et voici qu'hier dimanche, VSD titre : "Exclusif – Fillon 'débranché' lundi ou mardi". Peut-être à l'issue d'un entretien télévisé au cours duquel il s'expliquerait. Donc, aujourd'hui ou demain, ce ne serait "plus qu'une question d'heures" : le mort cérébral se verrait abréger ses souffrances. Texto. Certains apprendraient par cœur "le texte du scénario qu'il va falloir déclamer devant les médias en ayant l'air sincère lors de lors de l'annonce officielle".
Diantre, serait-ce si avancé, si imminent ? Le Penelopegate aurait coulé le marinier sarthois Fillon qui se retrouverait mari niais (Boby Lapointe) ? L'hypothèse repose surtout sur deux reportages...
Chantilly, Neuilly-sur-Seine
Chantilly, dont le maire est Éric Woerth, compte de très chic, très bon genre, très bécébeiges Cantiliennes et Cantiliens. Qui n'ont pas vraiment fait très bon accueil au tract "Stop à la chasse à l'homme" que de jeunes militants bien mis tentaient de placer. Réactions outrées d'ex-électrices (primaires) ou potentielles (présidentielle) se rétractant ; commentaires rigolards ou désabusés d'électeurs tout aussi persuadés que les autres que le Penelopegate est tout à fait fondé mais que, faute de mieux ou cyniquement, ils persistaient dans leurs intentions de vote en sa faveur.
Le second, résumé par VSD, qui "tourne en boucle sur BFM", avait Neuilly pour cadre. Ville dont un conseiller municipal Franck Keller, ne mâchait pas ses mots : "tout cela doit s'arrêter très vite (…) les législatives seront (…) un désastre". Les électeurs se sentant floués se sont montrés aussi virulents qu'à Chantilly. Franck Keller répercute le sentiment ultra-majoritaire de ses administrés, et ce que cadres et élus de LR "pensent tout bas". Tout bas ? Pas tout à fait, pas tous. Je ne sais qui, à VSD, à la doc' ou la rédac' se charge de la revue de presse de la PQR, mais soit il est en congé, soit elle est surchargée d'autres tâches, soit… la confraternité me musèle. Une députée croit pouvoir confier que l'attentat à la machette de Paris a différé l'annonce officielle que "tout le monde attend".
Même Éric Woerth ou Éric Ciotti, tenus à l'écart du secret de polichinelle ? J'avoue rester dubitatif. Mais j'en viens à me demander si reprendre le texte de Régis Desmarais, initialement publié sur son blogue de Mediapart (et n'engageant que lui), sur Fillon2017, n'était pas un coup tordu, un coup en vache, une manière de saluer la mémoire de François Fillon en l'accablant. Le présenter comme le candidat antisystème, ayant abusé de sa position comme tous les autres "pourris" (ce n'est pas énoncé ainsi), mais prêt à dénoncer establishment et microcosme tel un Donald Trump s'étant vanté de connaître toutes les arcanes de la corruption, des trafics d'influence, et de mieux les éradiquer parvenu au pouvoir, curer la mare au diable de Washington, était-ce un requiem ?
Régis Desmarais ancien élève des bons pères jésuites ? Activé par Sens commun ? Serait-ce l'évêché, Civitas, l'Opus Dei, les Chevaliers du Christ à la manœuvre, sacrifiant le soldat Fillon en lui rendant les honneurs ? N'exagérons rien. N'exagérons pas non plus la portée de quelques reportages sur le mental du candidat Fillon. Mais le revirement d'Alain Juppé vaudrait-il signe avant-coureur ? Reste que Fillon, encore mieux qu'un Cahuzac, yeux dans les yeux, sans que son nez ne s'allonge, a pu vanter la valeur travail, sa probité, son exemplarité. Allez, il persistera.