Totale transparence, translucidité, et même immatérialité caractérisent désormais un François Fillon dont on se demande bien pourquoi il fut et reste rétribué en tant que sénateur ou député. Selon lui, il ne détiendrait aucune autorité publique. Ce n'est même plus énième rôle, un figurant, une silhouette (figurant statique), c'est un zombie ! Et il prétend à la présidence de la République ? Nan. François Fillon, le très transparent n'ayant strictement rien à craindre du parquet national financier ou de la justice, a repris à son propre régalien compte les arguments de ses avocats, Antonin Lévy et Pierre Cornut-Gentille : le délit de détournement de fonds publics ne peut s'appliquer à un parlementaire car il ne serait pas "dépositaire de l'autorité publique".
À quoi donc sert un parlementaire alors ? Cette interprétation réserverait aux maires, ministres, fonctionnaires, &c., ou élus chargés d'une mission de service public le privilège d'être poursuivis judiciairement. Les parlementaires ne pourraient plus l'être que pour des crimes et délits de droit commun ? Oui, le Penelopegate est plus que jamais un Fillon gate.
Dangereux, révoltant !
Alors dans ce cas, qu'est-ce qui distinguerait un parlementaire d'un conseiller régional ou départemental ? Accepter cette argumentation, qui pourrait faire jurisprudence (mais on doute que la cour de cassation et d'autres instances imaginent seulement de suivre), conduirait à quoi au juste ? Les deux chambres dotent déjà des associations plus ou moins bidon de subventions (pas que des associations de parlementaires amoureux du ballon rond, des kirs de leur prédécesseur le chanoine, des amitiés France-Lichtenstein, &c.).
Il y a aussi la réserve parlementaire. Qui laisse, par exemple aux députés, le soin d'allouer des sommes à des projets ou aussi des associations (genre clubs de boulistes, chorales de maisons de retraite). Ce ne serait plus un Penelopegate, mais de multiples Fillongate, qu'une telle disposition générerait. Exemple, la famille Fillon veut disposer d'un terrain de jeu au château, elle crée une association, un club de cricket (so British!
) amateur, et Fillon père lui alloue chaque année des fonds (eh, l'entretien, hein ; et puis les invitations, les petits-fours…), mais puisqu'il est parlementaire, après avoir fait aménager la pelouse en golf, il la revend. Ni vu, ni connu, pas vu, pas pris, irresponsable, ir-res-pon-sa-ble on vous dit. De même, soutient Me Cornu-Gentille, tout collaborateur d'un parlementaire, du fait qu'il dispose d'un contrat de travail (spécifiant les heures de ménage, de repassage, de sortie des poubelles, le lieu de travail, par exemple au domicile de l'arrière-tante du parlementaire) en bonne et due forme, peut être rétribué à discrétion.
Mais dans ce cas, pourquoi un texte limitant à cinq le nombre des collaborateurs ?. Pourquoi ne pas employer une trentaine ou quarantaine de petites mains étrangères en atelier de couture ? Ou créer une troupe de Chippendale ? Comment un candidat à la présidence de la République peut-il soutenir de telles propositions ? S'il n'est élu et redevient député, emploiera-t-il des Papillon de la Ferté (éponymes du fameux lycée), père et fils, en tant qu'intendants des menus plaisirs et affaires de la chambre du ci-devant Fillon, François Second ? C'est toute la substance de la question soulevée. François Fillon voudrait faire descendre les sans-culottes sur le pavé pour qu'ils assiègent le siège de LR rue de Vaugirard qu'il ne pourrait s'y prendre mieux.
Une rétractation, à défaut d'un retrait, s'impose, d'urgence, de toute urgence avant de susciter des troubles de l'ordre public. Le Penelopegate-Fillongate tourne à la brioche : impunité aux voleurs de pain s'ils sont parlementaires ? Qu'il ait rêvé de devenir souverain régalien, de se passer de pape pour couronner Penelope, et distribuer des provinces à ses enfants, passe encore. Là, la coupe est pleine. Explications et contrition ne suffisent plus, le masque est tombé.