En avant-première de ce qui pourrait paraître dans Le Canard enchaîné, livré ce soir à 18 heures dans les salles de rédaction, voici quelques remarques dont il est fort probable qu'elles se retrouveront (sous une autre forme) dans le nº 5025. François Fillon n'a pas abordé la rémunération par La Revue des Deux Mondes ni vraiment le détail de l'activité de 2F Conseil. Il a bien évoqué des sanctions pour dépenses indues quand il était Premier ministre, mais il ne s'en est appliquée aucune alors que… Il y a l'appréciation de la nature du travail des assistants parlementaires.

Il fut question de Penelope, Marie et Charles Fillon, mais il en fut, il en est d'autres… Parfois utilisés, en dépit des textes, pour des campagnes électorales. Il est crâne de dire qu'"en raison de la séparation des pouvoirs, personne n'a le droit de porter jugement sur le contenu [de leur travail]". Personne, pas même les présidents des deux chambres, ne peut veiller à l'application des textes votés et promulgués ? Étrange.

Le parquet financier congédié ?

L'avocat de François Fillon soutient que le parquet financier ne devrait être mobilisé que pour les affaires complexes, les diverses affaires de François Fillon étant censées être limpides. Les connues actuellement ne sont pas si limpides, ce sur quoi d'autre(s) elles pourraient déboucher reste incertain.

La mission du PNF est de se saisir de toute affaire pouvant avoir un retentissement national ou international. Le Penelopegate ressort bien de ses compétences. Le parquet a d'ailleurs fait savoir qu'il poursuivait ses investigations "avec la célérité et la sérénité appropriées". François Fillon a minimisé les sommes nettes perçues par ses proches, alors qu'elles sont largement supérieures à celles qu'il concède à ses autres collaborateurs (parfois rétribués autrement, par des tiers qu'on ne saurait qualifier de complaisants, même si, dans le cas de la Fondation du milliardaire, de sérieux doutes subsistent).

Signalons que ce n'est pas le net qui abonde le plus des cotisations de retraite, et que c'est bien le brut qui sort de la poche du contribuable. Il y a bien sûr aussi le démenti, clair, net, précis, et totalement limpide de Kim Willsher, alors journaliste du Telegraph, contredisant formellement l'allégation de François Fillon selon laquelle Penelope Fillon aurait reçu un coup de téléphone d'elle.

Mais pourquoi donc François Fillon, après avoir raconté un peu n'importe quoi pendant deux semaines, estime-t-il utile de se ridiculiser encore ainsi ? S'il est vrai que de nombreux assistants œuvrant en circonscription n'ont pas demandé de badge pour vaquer au Palais Bourbon, François Fillon avait antérieurement laissé entendre que son épouse l'aidait dans son travail législatif. Et puis Penelope Fillon résidait principalement, si ce n'est exclusivement à Paris, pendant certaines périodes. Enfin, s'il faut prendre au pied de la lettre ses déclarations que son mari dément ou interprète à sa guise. Enfin, sur Fillon2017, les sommes perçues par Penelope Fillon sont exprimées en "moyenne net". Pour janvier-août 2007, c'était 7 890 € par mois.

Cela devient 6 009 pour juillet 2002 à août 2007. Quant aux sommes antérieures, celles de 1986-1988 (du temps du franc), on ne sait pas trop si elles reflètent la réalité (il faudrait tenir compte de l'inflation, à moins que l'on considère que Penelope Fillon ne touchait à l'époque que 212 FF/mois). De même, la déclaration de patrimoine publiée semble comporter de nombreuses omissions dont la plus flagrante se rapporte aux "autres revenus" (et le fermage alors ?). Le plus rigolo, c'est le fameux compte joint : 0 € en espèces, 1 805 seulement au courant. Ils se séparent ? François Fillon a déclaré qu'il n'existait aucun autre compte bancaire ou dans un autre établissement financier que ceux du Crédit Agricole Anjou-Maine. Admettons que les Parisiens qu'ils sont traitent tout en ligne. J'ai souvent conservé d'anciens comptes après avoir déménagé, mais pas si longtemps.