Cela tient de la jurisprudence Frigide Barjot qui a lancé une pétition de soutien à François Fillon : le parquet financier serait incompétent pour statuer. Ce qui impliquerait qu'il soit dessaisi, mais au profit de quelle autre instance ? Un juge d'instruction ? La Cour de justice de la République ? Si un juge d'instruction était désigné, soit François Fillon est élu président de la République, soit il ne l'est pas. Soit l'instruction finit "rapidement" en éteignoir, soit, élu, le Président de la République ne pouvant être poursuivi en cours de mandat (sauf pour trahison ou faits gravissimes, du seul ressort de la Haute Cour, soit du parlement, dont le rôle se limite à destituer ou maintenir le président en exercice), il faudrait attendre Fillon2022 pour que cela ait le moindre effet.
S'il s'agit de la Cour de justice de la République (CJR), qui a admonesté Christine Lagarde, même battu au premier tour de la présidentielle, François Fillon pourra dormir quelques mois, voire années, sur ses deux oreilles.
La carte constitutionnelle
C'est fort bien joué… si les avocats de François Fillon parviennent à obtenir le dessaisissement. Dans ce cas, le Plan F, comme Plan Fillon, est mis en œuvre. Pas besoin d'un fumeux Plan B, "comme Bérézina". Les pronostics douteux de VSD, dimanche, finissent à la corbeille. En fait, il n'y a pas de Plan B parce que François Fillon n'a pas flanché hier ou plutôt la nuit dernière, et qu'Alain Juppé, en particulier, en a pris acte, faisant promptement demi-tour pour revenir sur sa position antérieure.
Aussi, tout simplement, parce qu'un Plan B supposait une formidable cacophonie : trop de prétendants. Mais encore faut-il que le Plan F puisse être déployé sans épée de Damoclès judiciaire pouvant le tailler en pièces. Ou surtout, sans que le verbe l'emporte sur le glaive. Soit que de nouveaux détails fuitent sur les éléments déjà recueillis et ceux qui pourraient les étayer en périphérie (sur la nature des emplois et tâches de toutes les collaboratrices, de tous les assistants "parlementaires" ou plutôt de campagne, qu'ils ou elles soient directement employé.e.s par François Fillon, ou rétribués par d'autres).
Prenons le cas de Penelope Fillon, salariée par l'ancien suppléant de François Fillon devenu député. Elle roulait pour qui ? Comme Igor Mitrofanoff, ancien assistant parlementaire de Marc Jouhaud, pour leur commun employeur ? Pour simplement "remettre des décorations" attribuées par son mari en tant que Premier ministre ? Et bien rappeler aux récipiendaires à qui ils doivent ces distinctions ?
Quel rapport avec le travail législatif de Marc Jouhaud ? Par ailleurs, rappelons que les sommes brutes perçues ont abondé les droits à retraite de l'épouse et des enfants Fillon. Igor Mitranoff a été entendu par le parquet, pas encore l'ex-chef de cabinet du député européen et maire de Sablé, dévolu à présent, comme Igor Mitranoff, au plan F de Fillon2017. On comprend qu'il soit urgent de classer en verticale la procédure, l'enquête, et de tarir d'éventuelles fuites. Les avocats de François Fillon ont rencontré le parquet financier ce jour à 14 heures pour invoquer le principe constitutionnel de la séparation des pouvoirs. On se doute qu'ils ont pu bénéficier des éclairages de magistrats et experts constitutionnalistes pouvant espérer avancer dans leurs carrières.
Ce joker a-t-il été sorti au bon moment ? C'est simple, c'est un coup de maître. Mais comment sera-t-il perçu par l'opinion ? Suffira-t-il a dégager le cap du premier tour de la présidentielle. Ce qui est établi, c'est que François Fillon est devenu seul maître à bord du Titanic LR et que l'iceberg des poursuites judiciaires pourrait se réduire à la taille d'un glaçon avant de se dissoudre, sans même un pschitt d'agonie. Reste que le Zeppelin de l'opinion peut s'éloigner encore davantage du navire Fillon2017. Et porter des concurrents au port.