François ou Penelope Fillon font l'objet d'une enquête préliminaire du parquet financier, parfaitement compétent en la matière, pour les chefs de suspicion de détournement de fonds, abus de biens sociaux et recels. Pour le moment, François Fillon n'est concerné que pour des faits postérieurs à 2009 et son épouse, du fait du chef de recel, ne peut bénéficier de la prescription. Il y a ce dont les Françaises et les Français soient l'accusent, soit lui et leur manifestent leur réprobation (ou l'exemptent totalement), et ce qui ressort de l'action judiciaire.

Petit rappel du pénal découlant du Penelopegate, s'il devait en arriver là.

Sauf si mis en examen

François Fillon a déclaré qu'il ne se retirait qu'en cas de mise en examen. Ce qui exclut qu'il le fasse s'il était renvoyé en correctionnelle. Son avocat soutient –à tort selon le parquet – que l'affaire n'est pas du ressort du PNF puisque tout semble limpide, peu complexe. Ce n'est pas si limpide, mais beaucoup moins complexe qu'il y paraît. Du fait de cette relative simplicité, en un temps incertain qui pourrait en précéder un autre, Penelope Fillon pourrait être assez rapidement appelée à comparaître en correctionnelle. Il est possible de disjoindre les deux affaires, mais les faits semblant établis, on ne voit pas pourquoi le parquet différerait trop longtemps (jusqu'à l'entre-deux tours ?) la comparution de François Fillon.

Ses avocats demanderaient un renvoi d'audience, l'obtiendraient sans doute, et le candidat resterait en lice. Ce pourquoi il ne peut être, pour le moment, poursuivi, se rapporte à sa période sénatoriale. Pour les mêmes faits de "ristournes", divers élus ou anciens élus sont déjà mis en examen. Sénateur, F. Fillon n'aurait pas dû percevoir le tiers du solde des allocations non versées à des assistant, mais son groupe le lui reversait, et beaucoup d'élus ont bénéficié de ce système occulte.

En revanche, il apparaît qu'il a fait embaucher divers collaborateurs par des tiers pour qu'ils l'assistent dans sa campagne. Il s'agit de Caroline Morard, d'Éric Chomaudon, d'Anne Faguer (qui fut aussi rétribuée par la fondation du milliardaire propriétaire de La Revue des Deux Mondes), peut-être d'autres. La pratique s'appliquait à des prédécesseurs.

Tandis que les enfants du couple étaient rétribués directement et contribuaient à des tâches non prévues par la réglementation (ou plutôt, prévues et prohibées). Par ailleurs, Yannick Jadot a soulevé le point de conflit d'intérêt entre 2F Conseil et Axa, son client. François Fillon est aussi rémunéré par le cabinet René Ricol pour une étude sur la mondialisation dont il est espéré qu'elle soit plus sérieuse que celle pour laquelle Xavière Tibéri fut condamnée, le cabinet Ricol pourrait, si ce n'était le cas, être poursuivi pour abus de biens sociaux. Point de détail pour les contrats de Pénélope Fillon, ses lieux de travail semblent avoir été illusoire (Le Mans) ou avoir fait l'objet d'un rajout (tardif ?

) à la main (Sablé). Si le parquet s'en tenait seulement à cela, n'approfondissait pas, ne débouchait sur d'autres affaires, sa décision pourrait être rapide… Quant au "Harcèlement médiatique", il ne saurait être comparé avec celui subi par Roger Salengro, calomnié ignominieusement (et totalement à tort) de juillet 1936 à son suicide cinq mois plus tard. François Fillon est tenace, a su se montrer retors, et a dissipé toute inquiétude. Même appelé à comparaître en correctionnelle, rien ne l'atteindra profondément. S'il n'a évoqué que son éventuelle mise en examen, c'est en toute connaissance de cause et des mécanismes judiciaires. Quant au "totalitarisme de la transparence", il s'applique d'ordinaire aux médias (hors préservation des sources) ou aux citoyens lambda, faut-il le remémorer ?

Les "pan sur le bec" du Canard enchaîné en témoignent, les justiciables et les contribuables en ont tous – ou presque – fait l'expérience ou la feront. François Fillon n'est pas assimilable à une caissière de supermarché harcelée.