François Fillon a eu raison de la fronde parlementaire, obtenu la grâce d'un déjeuner avec Nicolas Sarkozy, et l'onction renouvelée de qui, parmi les chefs de file de LR, devenu Les Régaliens, ne voit plus d'alternative à le soutenir, au moins en paroles, jusqu'aux butoirs du premier tour. Mais le convoi Fillon se résume-t-il à sa locomotive ? Le Populaire du Centre donne la parole aux élus limougeauds qui s'embrouillent en explications de circonstance pour justifier la bouderie d'Émile-Roger Lombertie, maire LR de Limoges, qui n'a pas trouvé de créneau pour accueillir le candidat investi.
Dans La Montagne, c'est Brice Hortefeux qui invoque que le meeting du 16 prochain à Clermont-Ferrand pourrait être repoussé au 19, sans garantie que celle nouvelle date puisse finalement convenir. François Fillon sera-t-il contraint de venir en catimini s'adresser à des partisans réunis dans des Mille-Club ou des salles de fêtes de localités dont ses opposants ignoreraient qu'il l'honorerait de sa présence ? Sans doute pas, pas à ce point, mais divers élus locaux attendent la décision du parquet financier pour reprendre le pouls des militants et surtout, celui de leurs administrés. Rien ne semble pouvoir pour l'instant dissiper l'effet désastreux du Penelopegate.
En témoigne une consultation en ligne du site du Figaro.
Plus résignés qu'enthousiastes
Une consultation en ligne est encore moins fiable qu'un Sondage. Certes, elle réunissait, en l'espèce, près de 26 000 exprimés en début d'après-midi (30 000 à 16h). Avec, sauf renfort téléphoné des partisans du candidat Fillon, une certaine stabilité. Pratiquement toutes les consultations en ligne du site du Figaro reflètent l'opinion dominante d'un lectorat penchant vers la droite, quel que soit le sujet abordé. La question est : "êtes-vous d'accord avec François Fillon" (sur son maintien faute de "meilleure alternative") ? C'est oui pour 55%, non pour le reste, mais déjà, vers 15 h, cela fléchissait. Les commentaires reflètent majoritairement peu d'enthousiasme. Même en se méfiant des expressions provenant de lecteurs inclinant vers un vote de gauche ou pour Emmanuel Macron (ou éventuellement François Bayrou), ou des tenants de Dupont-Aignan, Michèle Alliot-Marie, Henri Guaino, et bien sûr Marine Le Pen, ou les sarkozystes jusqu'au bout, ces 55% semblaient très fragiles.
Il reste en course par défaut. Certains comparent les résultats des pétitions pour ou contre le maintien du candidat tout en espérant un redressement. Ou cela donne : " plus de meilleure alternative, mais est-ce une bonne candidature pour autant ? Non.". Ou encore : "je préfère perdre avec Fillon qu'avec Fenech et ses amis". Cet "oublions l'homme et regardons le programme" renvoie aussi un parfum de déception : mal entamée, la campagne ne suscite ni ferveur, ni adhésion sans faille à la personne. Or, une large partie de l'électorat de droite souhaite un chef d'État qui en impose, et surtout lui en impose. "Pas d'autre alternative, et c'est bien le vrai problème de la droite qui ne fédère qu'elle-même", lit-on, ou aussi "de tous les maux, il faut choisir le moindre".
Peut-être plus significatif encore, personne n'aborde la question d'un François Fillon élu et peu en mesure de faire passer son programme. Ce qui implique une majorité numériquement stable, mais surtout soudée, tel le "parti des godillots" (RPR d'avant Jacques Chirac et ses prédécesseurs, UNR et UDR). Mieux vaut une troisième place à l'issue du premier tour avec lui qu'une quatrième avec un supplétif ? Vers 15h30, les proportions s'inversaient : 44% oui, 56% non. Heureusement pour François Fillon, aucune alternative ne pourrait faire consensus.