En matinale d'Europe 1, Nicolas Canteloup a imité Coluche imitant François Hollande à propos du jeune Théo qui, après une rencontre avec la police, n'a rien aux dents mais une blessure au rectum. La phrase incriminée, aussitôt sortie de son contexte autant que celle de Penelope Fillon se confiant au Telegraph, est : "Amis gays, ce n'est pas la peine de chercher un deux-pièces dans Aulnay centre, la police ne recommencera plus".
On comprend la levée de boucliers des syndicats policiers comptant de très nombreux homosexuels mal logés dans leurs rangs, des agents immobiliers d'Aulnay-sous-Bois, tous gay friendly, qui ont de nombreux deux-pièces avec balcon sur les bras, des corporations des métiers de bouche, des bistrotiers-limonadiers et du prêt-à-porter qui ambitionnaient de transformer les zones piétonnes en un nouveau Marais, des corps intermédiaires de la Nation solidaires, &c.
Indulgentia plenaria
Tenons-en nous à ce que nous enseigne la Theologia universa speculativa et dogmatica, qui stipule : "indulgentia plenaria semel obtenta tollit necessitatem satisfactionis postea peragendæ".
Les conditions de l'indulgence plénière qui s'impose sont réunies, tant pour le Penelopegate que l'impair de Canteloup. Comme on l'a vu, Guillon a su camper une Penelope Fillon très crédible, ce n'est pas hors de portée de Nicolas Canteloup. Qui a pu être convié aux high teas de Penelope Fillon s'esbaudit encore, des mois plus tard, de son humour so British. Elle sublime tout le répertoire des Monty Python et interprète aussi bien Patsy que les gardes français de The Holy Grail, et même tant l'African swallow que l'hirondelle européenne. Une convive nous confiait : "c'était pissotant". Le problème de Penelope Fillon, c'est son agoraphobie. En cercle restreint, elle est hilarante, mais cela reste toujours de bon goût.
Tandis que Nicolas Canteloup, sur scène, sait conserver le bon ton tandis qu'en studio, disons-le tout net, il se lâche trop, et dépasse les bornes jusqu'au no limit. En Penelope aux côtés de François Fillon, il saurait chauffer les salles, égayer les foules sympathisantes. Penelope, devant un micro, oublie facilement, dans l'intimité d'un studio, devant l'assistance restreinte d'un plateau, qu'elle s'adresse aux multitudes. Certes, à leurs débuts dans leurs nouveaux rôles respectifs, il se peut que l'illusion ne fonctionne pas, mais au bout de deux-trois meetings, d'une émission de plus, la substitution, l'échange de rôles deviendra si convaincant que nul ne doutera. Financièrement, crois-je savoir, ni l'une ni l'autre n'y perdraient au change.
François Fillon élu, Penelope s'étant affermie, pourrait incarner une primesautière Première dame, et Nicolas Canteloup, raffiné par la fréquentation assidue des militants LR et l'entourage de François Fillon, saurait égayer matinales et soirées sans heurter la bienséance, ni se départir du bon goût. Voyez la reconversion parfaite de l'ex-ministre Roselyne Bachelot auprès de Laurence Ferrari, et depuis sur RMC. Roselyne et Penelope, blanchies sous le harnois de l'action politique, travailleuses acharnées, ont toutes deux, comme le dit Franck Lanoux, de RMC, sur Roselyne, "une personnalité, une patte, une chair". Penelope, dans l'intimité, est aussi girly que Roselyne, assurent Charles et Marie Fillon.
Aussi à l'aise en crocs au jardin qu'en bottes en selle. Elle a fait de cinq montures des phénomènes de haute école, elle saura dompter les publics matinaux et vespéraux. Quant à Canteloup, dans les dîners en ville, c'est un Curnonsky, un Escoffier de l'humour pince-sans-rire, tongue in cheek, tongs sur la tête, qui se révèle. Un Sacha Guitry ressuscité, enchainant répliques spirituelles et bons mots qui font mouche, jamais risqué, constamment affiné. Nul problème, la cohabitation entre François et un autre Nicolas fut un long fleuve tranquille, Penelope, au contact du bon peuple sarthois, tirait des larmes de rire aux plus renfrognés Percherons. Alors, aucu-aucu-aucune hésitation !