Étonnant lectorat du Figaro qui approuve à 92% la démission du ministre de l’Intérieur pour des faits certes similaires à ceux de la famille Fillon mais dont les montants et la nature même semblent sans commune mesure… Du moins en ce qui se rapporte au volet initial du Penelopegate. Le même lectorat, impitoyable pour ce petit joueur, applaudit-il la performance des Fillon, auxquels il conserve majoritairement sa confiance électorale ? Car la charge judiciaire pesant sur les Fillon s’alourdit avec, en face, les mêmes dénégations ou le désormais célèbre « et alors ?
» réitéré. D’abord le sieur Fillon, jamais rétribué par la Russie ou par des Russes. Oui mais empochant 50 000 dollars d’un milliardaire libanais pour le mettre en relation avec Vladimir Poutine et divers ministères russes. En ces domaines, un prêté vaut toujours un rendu et le truchement finit presque toujours par toucher des commissions des deux parties si l’affaire se conclut. Ou par servir l’une et l’autre en d’autres occasions. Mediapart et Le Canard enchaîné, qui ont révélé ou creusé l’affaire Makhzoumi, et le volet 2F Conseil du Peneloegate, auront sans doute d’autres grains, d’autres quintaux à moudre… L’instruction n’a sans doute pas évoqué le trafic d’influence à la légère ou à tout hasard.
Faux et usages
Si l’ouverture de l’enquête du parquet financier fut rapide, les magistrats ont laissé cinq jours au couple Fillon pour se concerter. Aucune mise en garde à vue au soir du 25 janvier et convocation pour le 30 afin d'être entendus par des policiers. Et produire des pièces. D’où un nouveau réquisitoire pour escroquerie aggravée, faux et usage de faux.
Selon Le Monde, des pièces saisies à l’Assemblée nationale, signées par Penelope Fillon, sont apparues sur le tard, lors d’une seconde perquisition. Par une sorte d’heureux hasard. Et puis les époux Fillon ne peuvent nier quelques déclarations maladroites sur le cumul d’emploi à l’Assemblée (ou au Mans, à Sablé, c’est selon) et à La Revue des Deux Mondes (sur place ou en travail à distance n’ayant pas laissé de fortes traces).
On ne peut qu’espérer, pour le couple Fillon que celui d’avocats qui assure leur défense soit bénévole, que les diverses éminences constitutionnalistes ayant rédigé des tribunes n’ont pas envoyé de notes d’honoraires. Il est fort ardu d‘invoquer la Constitution en matière de faux (sauf peut-être en fabricant un premier jet de la Déclaration des Droits de l’Homme sur papier de l’époque, avec une encre artisanale). On espère aussi que la signature de Françoise Fillon n’a pas évolué au cours des dernières décennies. En tout cas, force est de reconnaître que si LR n’a pas eu de plan B, le gouvernement a su remplacer Bruno le Roux au pied levé. Ce sera Matthias Felk. Il n’a siégé que deux ans à l’Assemblée. Son épouse est architecte...