Que recevoir un prêt de 50 000 euros (en 2013), sans intérêt à verser, prêt de surcroît remboursé, n'est pas vraiment "un sujet" d'intérêt public. Que ce prêt pointé par Le Canard enchaîné aurait dû être déclaré à untel ou une telle (la Haute Autorité du parlement, dans le cas de François Fillon), cela vaut une brève, que dis-je, un entrefilet. Nous l'accorderons bien volontiers à François Fillon. Il m'est arrivé de consentir un prêt à mon fils, assorti d'un minime intérêt (fixé par lui-même, dont je l'aurais volontiers dispensé, mais il était convenable de ne pas l'avantager par rapport à sa sœur), et ce n'est pas non plus vraiment un sujet.
Le fait que je n'ai pas non plus embauché ma bru pour une pige de trois-quatre feuillets rétribuée à hauteur de ce prêt est encore moins un sujet d'intérêt. Passons donc très vite à autre chose. Le Penelopegate ne se résume pas à cela.
Avantages parlementaires
Histoire d'éviter au mouvement Stop corruption (qui se réunit sur les places de la République à Paris et d'autres de diverses grandes villes) de se pencher sur ce sujet en particulier, évoquons-en d'autres. Je me souviens de Raymond Forni, un copain (faute de temps de part et d'autre, nous n'avions pas noué de longs liens d'amitié) garant une berline "présidentielle" devant la mairie de Belfort, circa 1980. Le stationnement était interdit mais bon, il était venu saluer brièvement Émile Géhant, alors maire (Chevènement était premier adjoint), donc pas de quoi en faire un plat.
Raymond, qui n'était pas encore président de l'Assemblée nationale, m'expliqua qu'il s'agissait d'une voiture de fonction d'occasion, à prix cassé, qu'il l'avait achetée avec un prêt de l'Assemblée nationale, et que bien sûr, il allait la revendre. Raymond n'était pas très berlines, plutôt nerveuses italiennes, mais comme Peugeot-Sochaux était si proche, il roulait le plus souvent en "Peuge".
Eh bien, tout ceci a presque disparu. Depuis 2010. Certes, on se penche à présent sur les avantages des fonctionnaires du parlement, qui bénéficient de gros salaires, d'avances sur salaires à taux zéro, &c. Et surtout de primes. Il suffit de dépasser minuit de quelques secondes en séance pour que tous les fonctionnaires présents en profitent, et les présidents de séance sont bons princes, les primes au petit personnel pour travail de nuit sont fréquentes.
On pourrait encore se pencher sur les rétributions des parlementaires, soit leurs rémunérations augmentées des attributions pour frais divers (ex. la dotation pour les envois en nombre de lettres), &c. Cela donne un peu le tournis, enfin, aux smicards et titulaires d'allocations diverses (RSA, ASS…), surtout si on prend en compte la globalité : soit aussi les rémunérations des présidents et vice-présidents de ceci, de cela, des commissions parlementaires, les subventions aux nombreuses associations et amicales, et je vous en passe. Lisez donc René Dosière (voire Charles de Courson). Un député devenu gênant que le PS tenta en vain d'éjecter. Posez-vous aussi la question de la fortune de Marc Ladret de Lacharrière.
Elle provient aussi énormément de la publicité de ses divers médias (Wikipedia ne liste que quelques-uns des divers sites qu'il détient), dont La Revue des Deux Mondes. Et qui paye la pub ? Le consommateur. Qui donc rétribue deux fois François Fillon. Lequel veut réduire le nombre des parlementaires pour les augmenter, Hervé Mariton (LR) se contentant de revaloriser leurs rémunérations (à nombre constant), pour éviter de ne retrouver à l'assemblée que "des retraités, des riches ou des nuls". Air connu. Le Penelopegate, c'est aussi cela, et cela reste un sujet d'intérêt. Autre sujet, le mensonge d'Hervé Mariton. Mariton ment autant que Fillon sur le présumé suicide fictif de Penelope Fillon. Non seulement les parlementaires français ne sont pas parmi les moins payés d'Europe mais, vu leur nombre, globalement, les plus coûteux d'Europe, voire au monde... C'est cela, le Penelopegate global que dénonce Stop Corruption.