Quel lien entre Paris-Match et le Journal du dimanche ? Arnaud Lagardère et son groupe de presse. Quels liens entre la communicante-cheffe de François Fillon et le groupe Lagardère ? J'ai beau avoir œuvré pour L'Encyclopædia Universalis, là, j'ai la flemme : travail de moine pour dresser une recension. Mais or donc, nous avons eu Penelope Fillon "la discrète en pleine lumière" en couverture de Paris-Match, avec cette accroche "enquête sur une femme prise au piège de la politique". À l'intérieur, rien. Si ce n'était l'info (?) selon laquelle elle aurait voulu tout étaler, mais que son mari avait estimé cela prématuré.

Mais voici le Journal du dimanche qui a retrouvé "Pénélope Fillon samedi à l'heure du déjeuner au cabinet de son avocat". Anne Méaux a dicté une phrase à se tordre de rire comme "pour mettre un terme aux folles rumeurs". Ce n'est même plus du Daily Mail, c'est du Sun, du News of the World… Mais bien calibré : pourquoi Penelope Fillon déclarait-elle qu'elle n'avait pas d'activité politique ? Parce que, comme Madame Jourdain, bourgeoise gente dame, elle en avait et en faisait sans le savoir… "Je ne considérais pas que je faisais de la politique. Je travaillais pour mon mari et pour les Sarthois". Et à Paris, donc ? Où Monsieur son gentilhomme et hobereau sarthois d'époux est très peu présent dans sa circonscription ?

Pas folle, la guêpe, qu'une partie de la presse a fait passer pour une avocate alors que solicitor peut se traduire par notaire. Ou conseillère juridique. Or donc, elle comprenait ce qu'elle signait. Les montants ne l'étonnaient nullement, ni leurs fortes variations. Elle savait aussi que ses enfants avaient été ses collègues de travail (avec discussions familiales autour de la machine à café de l'Assemblée nationale ?).

Pas de vanité d'auteure

Ce n'est pas Anne Méaux qui a rédigé les huit notes de lecture supplémentaires destinées à La Revue des Deux Mondes que Penelope Fillon aurait remis aux enquêteurs. Même s'il y a des Maël Renouard pour cela (un écrivain, ancien de khâgne, ex-assistant parlementaire fantomatique de François Fillon), on peut créditer Penelope Fillon de les avoir rédigées elle-même.

Bonne fille, elle ne s'est guère émue que seules deux autres notes aient été publiées. Ou peut-être n'avait-elle pas la vanité de vérifier si on la publiait. Il y a des journalistes auxquelles les larmes montent aux yeux quand elles reçoivent leur carte de presse, des reporters hurlant quand on leur change un titre ou sabre un paragraphe, mais Penelope Fillon est une impavide, ni cuistre, ni fate, qui ne s'étonne pas, ne récrimine pas quand huit de ses papiers (sur dix, dont deux publiés) sont poubellisés. Bien sûr, elle n'était pas rétribuée à la pige, donc pas au feuillet. Finalement, ce n'est pas Penelope Fillon qui se couvre de ridicule, mais Anne Méaux et toute son équipe d'Image 7. Là, c'est calquer sur Penelope Fillon la communication de Ben Ali et nous prendre pour de naïfs blédards du sud tunisien.

Penelope Fillon a conseillé à son époux "d'aller jusqu'au bout" ? Elle a sans doute fait les comptes (de multiples et non un seul, joint, au CA de Sablé, comme le déclarait François Fillon "les yeux dans les yeux"). Plus il va loin, moins, de reports d'audiences en appels ou pourvois, la cassette s'ouvre (sauf pour régler les avocats). Et plus l'argent des dons et des deux tours de la primaire rapporte des intérêts. Bon, l'essentiel reste que les Femen lui conservent leur soutien. Consultez #supportpenelope, #bringbackmyjob, #resistepenelope (ce qui fait penser aux émigrées roumaines manifestant contre la corruption dans leur pays : #rezist). Ce dimanche, place de la République, avec le comité Stop Corruption, une veillée de prières pour Penelope Fillon devrait obtenir un franc succès. En jument docile, Penelope Fillon, les flancs labourés par les éperons d'Anne Méaux, est retournée à l'écurie. Pas sûr qu'on l'en ressorte de sitôt.