Après le discours d’Aubervilliers du 4 mars 2017 et celui attendu du 5 mars 2017, Fillon est seul contre tous, contre ces élites parisiennes de Droite et du Parti Républicain. Fillon résiste et envoie un message clair à l’opinion publique : pas de changement de cap, pas de retrait de sa part, malgré les défections, malgré l’équipée solitaire. Fillon trace son sillon et continue sa route. Il est en train d’expérimenter la traîtrise en politique. En temps de mer calme, les courtisans ont fait allégeance à Fillon. En temps de vent violent, les amis politique d’hier deviennent des adversaires irréductibles et se drapent dans le manteau du mensonge et de l’hypocrisie en prétextant le sauvetage de la famille politique des Rrépublicains (LR) face à une stratégie solitaire d’un homme.
Le sauvetage de la famille LR est privilégié par les ténors du parti
Fillon tient bon, refuse de se retirer alors que sa famille politique demande son retrait. En ancien pilote de rallye, François Fillon croit en ses chances, il tient fermement la barre, il n’a pas l’air abattu et il va lancer un appel important lors du rassemblement organisé par le mouvement « Sens commun » et « La manifestation pour tous » qui sont des comités de soutien cachés de François Fillon et qui ont largement contribué à sa victoire au cours de la primaire de Droite.
Fillon a pris acte de la démission de Thierry Solère et de Patrick Stefanini. Fillon est droit dans ses bottes, il a écouté tout le monde, il estime qu’il est dans son bon droit car il a bâti un projet pour le relèvement de la France.
Sa victoire à la primaire est incontestable et les électeurs de Droite qui ont voté pour Fillon, estiment qu’il doit continuer. Fillon a une forte côte auprès de la population de Droite et s’il doit quitter le navire, il faut qu’il le fasse de façon magistrale. Certains de ses amis lui demandent de résister et de jouer le peuple contre les élites.
D’autres lui demandent de partir. Il dispose, malgré le Pénélopegate, d’un socle de 20% d’intentions de vote dans l’électorat et 70% des électeurs de Droite souhaitent qu’il continue l’aventure présidentielle. Fillon pense qu’il a une petite chance, un trou de souris à saisir pour être présent au second tour et devenir Président de la République face à Marine le Pen si celle-ci est présente au second tour.
En faisant appel à la rue contre la loi, Fillon, en bonapartiste convaincu, joue les chaumières contre les palais et se drape dans les habits historiques du Général De Gaulle.
Fillon n’est pas le Général De Gaulle
Fillon sur joue l’image de résistance et d’honneur du Général de Gaulle (appels de juin 1940 et mai 1968) pour son propre cas. Le Général était un homme de parole, pas Fillon. Le Général a démissionné au nom de la parole donnée au cours du référendum raté dans les années 1970 sur la décentralisation. Ce n’est pas le cas de Fillon qui, en janvier 2017 sur TF1, avait dit qu’il abandonnerait sa posture de candidat s’il était convoqué par le juge et mis en examen. Fillon a été convoqué mais il refuse de démissionner.
Fillon n’a ni parole, ni posture éthique en politique comme pouvait l’avoir le Général De Gaulle. Il plonge l’espace politique français dans une désespérance morale et accentue les inquiétudes des Français vis-à-vis de la classe politique. Il valide dans le même temps les conclusions du nouveau livre de Franz Olivier Giesbert paru chez Albin Michel (« Le théâtre des incapables») qui estime que les politiques français connaissent les solutions aux maux rencontrés par la société française, mais qu’ils demeurent par endogamie et entropie incapables d’y répondre.