Le grand événement de cette fin de quinquennat est, entre autres, la naturalisation de 28 tirailleurs sénégalais, 23 Sénégalais, 2 Congolais, 2 Centrafricains et un Ivoirien. Ils sont nés entre 1927 et 1939, vivent majoritairement en région parisienne. Ils étaient de nationalité française à leur naissance et quand ils ont participé aux guerres de 14/18, 39/45, d’Indochine et d’Algérie. Aux enfants de la République, la patrie reconnaissante. Dans quelle bouffonnerie et pantalonnade intellectuelle sommes-nous ? On nous fait croire que ces tirailleurs sénégalais sont sénégalais, ivoiriens ou congolais alors qu’ils étaient français avant l’indépendance et qu’ils ont combattu pour la France et avec la France.

Il y a une falsification politique du positionnement des tirailleurs sénégalais dans la République. Cette falsification s'explique en partie par l'absence des historiens, démographes, politistes, lobbyistes africains dans le champ du débat en France. Ils sont absents, soit parce qu'ils n'ont rien à dire, soit parce qu'ils ont peur d'exprimer leur point de vue iconoclastes.

Les associations de défense des Africains en France absentes du débat sur l'histoire de France

Avec l’indépendance dans les années 60 pour la plupart des pays de l’empire français, on fait croire à la vox populi française que ces tirailleurs sénégalais appartiennent aux nouveaux Etats indépendants alors que, de facto, ils étaient français.

Cette façon de faire contredit la réalité et je m’étonne que la plupart des responsables d’associations, qui défendent la diversité dans la république française, ne se saisissent pas de ce dossier pour rétablir la vérité.

Je suis ancien co-fondateur et premier Secrétaire général du CRAN (Conseil représentatif des associations noires de France) entre 2005 et 2008 et je constate que l’association que j’ai contribuée à faire exister avec d’autres, reste assez silencieuse sur la nécessité de rétablir la vérité.

La République a beaucoup fait pour ces tirailleurs sénégalais qui souvent étaient considérés comme de la chair à canon, d’ailleurs un certain nombre d’historiens tendent à montrer comment on avait dû cacher les Noirs qui ont joué un rôle important dans la libération de la France au moment où le Général Leclerc fonce vers Paris en passant par la Porte d’Orléans.

Pour montrer que les Noirs africains n’ont pas joué un rôle important, on note qu’un simple vocable désignait plusieurs réalités, à savoir « tirailleur sénégalais ». En 2007, la République, par l’intermédiaire de l’ancien Président, Jacques Chirac, avait aligné les pensions des tirailleurs sénégalais sur celles des anciens combattants français. François Hollande leur accord la nationalité française, au nom d’une légitimité républicaine en les naturalisant alors qu’ils devraient simplement être réintégrés (sur la base d’un statut juridique existant car ils étaient français de naissance). Nous sommes en face d’une ringardise républicaine et on se demande pourquoi Hollande le fait maintenant, au moment où il va quitter le pouvoir.

Explication du dernier acte politique de Hollande

Au-delà du questionnement juridico-politique légitime, on peut noter que l’acte de naturalisation reste un symbole important pour ces tirailleurs sénégalais qui sont pour la plupart âgés et vivent dans des conditions assez difficiles dans la région parisienne (foyers). Remercions Aïssata Seck, adjointe à la Mairie de Bondy, en charge des anciens combattants, qui a pris l’initiative d’une pétition signée par 60 000 personnes pour faire aboutir cet acte de naturalisation. Au nom de la légitimité républicaine, cet acte de naturalisation/réintégration permet de faire reconnaître à la face du monde et de la France l’engagement, le dévouement, la volonté, l’abnégation, le courage d’un ensemble composite appelé « tirailleurs sénégalais », c'est-à-dire la plupart de Noirs africains issus de l’Afrique subsahariens qui ont combattus pour l’Afrique dans les différentes opérations militaires entre 1857 et 1960.

Les candidats à l’élection présidentielle, surtout ceux de l’extrême Droite et des Républicains (LR) devraient revisiter leurs livres d’histoire pour comprendre et apprendre que les soldats noirs issus de l’Afrique francophone ont joué un rôle important pour libérer la France et que, de ce point de vue, leurs fils et petits-fils ont le droit, en tant que Français, de faire France au nom de l’intégration et non de l’assimilation. L’assimilation fait disparaître toute trace de l’existence de la France dans sa diversité, alors que l’intégration déroule la problématique de l’existence d’une France plurielle.