Les Français attendaient un changement sans précédent dans les pratiques politiques avec l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République, mais ils risquent d'être déçus. En effet, le gouvernement nommé par le Premier ministre est un curieux mélange d'arrivistes issus de la droite et de la gauche qui, hier encore, critiquaient férocement le Président de la République. Bien entendu, leur ligne, c'est la droite modérée et la gauche modérée, mais cette combinaison a un prix : l'incohérence. Emmanuel Macron promettait un gouvernement progressiste, il se retrouve avec des ministres opposés à l'euthanasie et au mariage homosexuel.
L'intrus dans ce conseil des ministres ? Nicolas Hulot, qui était pourtant ferme sur le refus de nucléaire civil et sur l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
Droite, gauche, centre
La confusion était tellement palpable que le porte-parole du gouvernement a dû rappeler aux ministres leur devoir de solidarité mutuelle dans les décisions prises. Mais... comment dire ? On voit mal Nicolas Hulot défendre Bruno Le Maire, qui, comme le Premier ministre, vote contre des lois sur la transparence de la vie publique et la lutte contre la corruption. De même, on voit mal Edouard Philippe, fervent protecteur des usines à charbon du Havre, défendre Nicolas Hulot quand il souhaitera faire baisser la part du nucléaire dans le mix énergétique à 50% d'ici 2025.
Bref, ce gouvernement est un insondable galimatias qui se perdra rapidement dans ses tergiversations, l'un allant défendre une cause, l'autre allant défendre la cause opposée. Néanmoins, tous ont un point commun : ils sont allés à la soupe. Par désir de servir la France, diront-ils, mais personne n'est dupe ; la seule chose qu'ils recherchent est une voiture avec un chauffeur, un ministère bien chauffé où vivre et un salaire de ministre payé par les contribuables.
Arrivisme et opportunisme
La modération, c'est le relais entre une ligne dure et une ligne douce. De ce fait, les personnalités dites modérées peuvent se camoufler pour tantôt être choisies par la ligne dure lorsque celle-ci arrive au pouvoir, tantôt être choisies par la ligne douce lorsque celle-ci arrive au pouvoir. Les modérés sont des caméléons qui ne savent pas où ils veulent aller, qui n'hésitent pas à troquer leurs convictions, car elles sont finalement assez fragiles, dès qu'il s'agit d'obtenir un poste de ministre.
C'est vrai de la gauche comme de la droite : la gauche modérée et la droite modérée sont représentées par des éléphants qui zigzaguent depuis des années au sein de leur propre parti au gré des vents. Ainsi, la seule vraie doctrine du centre, de la droite modérée et de la gauche modérée, c'est l'arrivisme et l'opportunisme. Jean-Yves Le Drian, ancien ministre de la Défense, n'a pas hésité à renier les engagements qui le liaient à son parti et à soutenir un candidat autre que celui investi par son parti, car il a senti que le vent tournait en sa faveur - et ses retournements de veste ont été payants !
Bref, les Français voulaient du renouvellement, et ils voient les mêmes pratiques politiciennes revenir encore et encore, car les beaux discours sont une chose, les actes en sont une autre.
Ainsi, ils ont à leur disposition, et pour les gouverner, des personnes qui ne sont intéressées que par le pouvoir, son exercice, ses privilèges, des personnes qui se sont un jour affrontées violemment et qui aujourd'hui sont comme les deux doigts de la main. La gauche et la droite que les médias qualifient de " dures " (peut-être afin de faire peur), elles, ont au moins le mérite d'être fidèles à leur convictions, profondément ancrées, et de ne pas courir à la soupe dès qu'elles voient une nomination propice au gouvernement.