Hier mercredi, le premier gouvernement du mandat d'Emmanuel Macron a été nommé sur proposition du Premier ministre, Edouard Philippe. L'annonce a été retardée de 24 heures, officiellement afin de vérifier la situation fiscale des futur(e)s ministres, juste avant d'adopter une première loi encadrant la moralisation de la vie politique, et notamment les informations obligatoires sur leurs revenus et leur patrimoine que doivent fournir les membres de l'exécutif, mais aussi les parlementaires. Or, Edouard Philippe, qui était jusqu'ici maire du Havre et député Les Républicains, s'est toujours opposé aux projets de loi tentant d'encadrer les données publiques que doivent communiquer les ministres, députés et sénateurs depuis quelques années.

Il a, par exemple, voté contre la loi de transparence de 2013, proposée au Parlement après l'affaire Cahuzac : "Après les déclarations, les vérifications... Suivront bientôt les dénonciations... Et ensuite... Triste époque !", avait-il tweeté à l'époque.

De même, Edouard Philippe n'a pas voté tous les projets qui ont été défendus par Emmanuel Macron lorsque ce dernier était encore ministre de l'Economie. De plus, comme 22 de ses collègues, il a également reçu un blâme de la part de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP) en 2015, pour plusieurs erreurs et oublis dans sa déclaration de patrimoine. Au sujet de la valeur de l'appartement qu'il possède à Paris, Edouard Philippe a tout simplement écrit : "Aucune idée".

Même réponse concernant ses parts dans une résidence en Seine-Maritime ou dans un autre bien immobilier situé en Indre-et-Loire. Les réclamations formulées par la HATVP sont restées sans réponse. Conséquence : un blâme a été signifié au député-maire du Havre.

Edouard Philippe : ses mensonges par omission

Par ailleurs, dans sa déclaration d'intérêts et d'activités, destinée à prévenir la corruption des élus, le nouveau Premier ministre a omis de déclarer certains de ses revenus, comme ceux qui lui ont été versés quand il était directeur des affaires publiques d'Areva, mais également quand il était avocat en 2011-2012.

Pour seule réponse sur sa déclaration, il a indiqué : "Je ne suis pas certain de comprendre la question"

L'un des champions de l'absentéisme à l'Assemblée Nationale

Lors de la dernière législature, Edouard Philippe s'est notamment distingué par son absentéisme au Parlement. Sur 504 députés ayant effectué, comme lui, un mandat entier, il se classe à la 478ème position, d'après un classement établi par le collectif 'Regards Citoyens'.

Dans le détail, il n'a proposé aucun projet de loi, ne s'est même pas rendu à 20% des jours de travail au sein des commissions thématiques, et n'est intervenu que 10 fois en 5 ans dans les débats. Enfin, il n'a posé que 8 questions orales en tant que représentant de l'opposition aux gouvernements de Jean-Marc Ayrault, Manuel Valls et Bernard Cazeneuve.

Des votes anti-Macron ?

Enfin, Edouard Philippe a suivi la quasi-totalité des consignes de votes soufflées par son parti Les Républicains à chaque projet de loi présenté devant l'Assemblée Nationale. Ce proche d'Alain Juppé s'est ainsi abstenu lors du vote de la loi sur l'égalité hommes-femmes dont un article favorise certains cas d'IVG. Il s'est aussi abstenu sur la loi Taubira qui ouvre la PMA aux couples de femmes, et a voté contre la loi sur la prostitution qui pénalise les clients.

Il s'est enfin prononcé contre la loi régissant le cumul des mandats et contre celle sur la transition écologique et énergétique, un thème qui sera désormais défendu par Nicolas Hulot, son nouveau ministre... de la transition écologique.