Non, que l'on sache, Chasse-Pêche-Nature-Traditions, "le mouvement de la ruralité", qui avait soutenu François Fillon, lequel reprenait onze de ses propositions sur la chasse, ne s'est pas prononcé pour Emmanuel Macron. Mais si CPNT s'en remet à Brigitte Bardot, qui n'a jamais appelé à voter contre Fillon, ce mouvement pourrait se rallier à En Marche. Car Brigitte Bardot vient de décréter Emmanuel Macron du "parti des éleveurs et des chasseurs contre les associations de défense des animaux". Seraient-ce les évocations des cabris et des broutards lors du débat face à Marine Le Pen qui auraient suscité cette ire de Brigitte Bardot ?
On ne sait… Mémères, garez vite vos matous ou vos chiens-chiens, si Macron les croise, il pourrait les foudroyer par "la froideur de son regard bleu d'acier". D'ailleurs, c'est ce regard qui "prouve" les allégations de la protectrice de la faune. Arrogant, selon Marine Le Pen, Emmanuel Macron serait aussi plein de "mépris devant la souffrance animale". Aurait-il, gamin, arraché des pattes aux araignées ? Rossera-t-il un descendant de Bo ou de Sunny, un chiot que le couple Obama lui offrira lorsqu'il aura accédé à l'Élysée ?
Mortifère !
Dans un communiqué intitulé "Si Macron passe, les animaux trépassent", Brigitte Bardot affirme que le programme du chef de file d'En Marche est "mortifère, scandaleux, désespérant".
Prévoyant la défaite de leur championne remplaçant François Fillon, les médias russes ménagent désormais Emmanuel Macron. Pas au point de rappeler que Gilbert Collard est un aficionado de tauromachie… Brigitte Bardot a fait de Marine Le Pen "la Jeanne d'Arc" de ce siècle, en oubliant que les élus Front national au Parlement européen ont voté contre les restrictions à l'élevage intensif des lapins, contre la limitation à huit heures du transfert des animaux vers les lieux d'abattage, contre la directive oiseaux, et pour le maintien des corridas (12 voix, quatre abstentions).
Certes, Emmanuel Macron n'est pas végétalien, mais il s'est prononcé contre la vente d'œufs provenant d'élevages en batterie et pour l'amélioration des conditions d'abattage. Il chérit le dogue argentin de Tiphaine Trogneux et préconise "la protection des différentes espèces" de la faune sauvage ainsi que "la réintroduction concertée d'ourses dans les Pyrénées".
Il veut aussi mieux contrôler les animaleries et élevages d'animaux domestiques maltraitant femelles et portées. On se demande donc comment Brigitte Bardot a documenté son argumentaire assassin. Ah, peut-être parce qu'il déclarait à Télé Star "je préfère une politique de la condition animale sans secrétariat dédié qu'un secrétariat à la condition animale sans politique". Brigitte Bardot avait-elle une candidate ou un candidat à placer au futur gouvernement ? Mais il est vrai qu'il pourrait restaurer les chasses présidentielles et qu'il avait malencontreusement déclaré au congrès de la FNSEA que le bien-être animal préoccupait davantage les éleveurs que "les gens qui sont dans des associations ou dans des bureaux".
Dont certains s'engraissent davantage que de petits naisseurs herbagers ou éleveurs. À la SPA, en 2014, le directeur général émargeait à 6 400 euros/mois. Son successeur s'est fait augmenter. Mais ouf, la Fondation BB, qui engrangeait plus de 15 millions d'euros en 2015, n'en consacre que 12% à son fonctionnement et elle n'est dans le collimateur de la Cour des comptes que pour des questions de conformité des documents qu'elle transmet (bon, 12%, c'est trois fois ce que la Fondation Mouvement pour les villages d'enfants consacre à son fonctionnement, quatre fois plus que Frère des hommes pour le même poste budgétaire, six fois le budget de Perce-Neige qui accueille 900 handicapés, 12 fois celui de la fondation de Jean-Marie Bigard pour les handicapés).
Brigitte Bardot a ses priorités : limiter la déconfiture électorale de Marine Le Pen et du Front national… et étaler sa signature. Au fait, la dernière fausse nouvelle de la fachosphère : pendant le débat, Emmanuel Macron était muni d'une oreillette. Et il avait aussi une oreille de toro bravo dans la poche en guise de grigri ? Marine Le Pen arborait un sobre pendentif (même pas une médaille miraculeuse), "évidemment" truqué (nan, pure fiction, rumeur infondée), dont elle n'a pas réussi à décrypter les impulsions, semble-t-il.