Le Président Macron arrive en Afrique, au Mali, au mois de juillet pour discuter, organiser et fixer les objectifs nouveaux et les actions concrètes des pays du G5 Sahel, composés du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad. Le Président Macron sera confronté à une situation inédite au sein des pays membres du G5. Seul le Tchad, par son armée, par ses moyens budgétaires limités à cause de la chute du prix du baril de pétrole (passé de 100 dollars à 50 dollars), prend à son compte toute la charge symbolique, politique et réelle de la lutte contre le terrorisme et essentiellement Boko Haram.
Le Tchad a toujours été un pays important dans le dispositif français de l’endiguement du terrorisme en Afrique francophone. Il était en première ligne contre la Lybie dans les années 1990. Le Président Déby, dans une déclaration récente sur Africa24 Monde, estime que « le Tchad a déboursé sur ses propres ressources plus de 300 milliards de francs CFA (plus de 450 millions d’euros) » pour la lutte contre le terrorisme sans un soutien quelconque de l’extérieur. On peut comprendre l’exaspération du Président Déby auquel on demande d’être partout à la fois, au Nigéria, au Niger et au Cameroun pour lutter contre Boko Haram, mais d’être aussi dans la force MUNISMA au Mali pour lutter contre les terrorismes.
Le Tchad est un petit pays qui a des moyens limités
Emmanuel Macron doit réfléchir sur la façon idoine de réorganiser les attributions des uns et des autres au sein du G5. Il est absolument anormal que le Tchad, mieux outillé sur le plan militaire, de la stratégie et de l’organisation, soit obligé de faire tout à la place des autres alors que la Mauritanie, le Mali, le Niger ou le Nigéria joueraient les passagers clandestins en attendant que le Tchad paie un prix important pour ses soldats qui sont engagés dans la lutte contre le terrorisme.
Le président français doit demander et exiger qu’une taxe sur les exportations et les importations à destination des pays du G5, permette d’abonder une caisse commune favorisant les financements nécessaires pour l’achat et l’entretien des matériels destinés à la lutte contre Boko Haram et contre le terrorisme. La lutte contre le terrorisme est la priorité.
Le développement est un élément essentiel, mais il ne faut pas se voiler la face, c’est un processus long.
Macron doit expliquer ses nouvelles relations avec l’Afrique, surtout francophone.
Depuis de nombreuses années et malgré ses relations intimes avec l’Afrique francophone (esclavage, colonisation, décolonisation et nouveaux rapports d’Etat à Etat), la France a entrepris d’élargir sa politique africaine en direction des pays africains anglophones. La France a raison de le faire en fonction de ses intérêts économiques, comme l’ont toujours indiqué Charles de Gaulle et Messmer.
Les pays francophones doivent sortir de cet état de léthargie mental et intellectuel qui est le leur pour se prendre en charge de façon définitive en évitant d’accuser la colonisation, donc la France, comme la principale responsable de leurs malheurs.
On connait les errements et les tripatouillages de la Françafrique établis par Foccart et le Général de Gaulle (il y a eu une guerre en Algérie, la France a changé de méthode en Afrique noire francophone en établissant le réseau Françafrique pour veiller à ses intérêts). Macron doit les dépasser et établir une nouvelle coopération avec l’Afrique noire francophone, trop habituée à ne pas faire d’efforts en termes de gouvernance économique et politique. La France le sait.
Saura-t-elle faire autrement en évitant de sauver son seigneuriage monétaire (le Franc CFA) et sa domination politique sur l’Afrique francophone, malgré l’émergence de nouveaux partenaires, chinois, brésiliens, turcs, etc. mais qui n’ont pas la même dimension politique que celle de la France vis-à-vis de ses partenaires africains ?