Encore au 21ème siècle, en Afrique, des femmes tombent enceintes dans l'anonymat, et des bébés naissent sans état-civil, complètement inconnus de l'Administration. Les populations paient donc un lourd tribut du fait des grossesses et des naissances non-déclarées, car, à cause de ce dysfonctionnement, plusieurs sont les Africains qui n'ont pas d'état-civil. En général, l'administration finit par découvrir l'existence de certains d'entre eux au moment de leur scolarisation pour les plus chanceux, c'est-à-dire, pour celles et ceux que les parents ont choisi de scolariser.
Quant aux malchanceux, c'est-à-dire, les enfants que la famille a jugé bon de ne pas scolariser, ils peuvent passer leur vie entière sans être connus par l'administration, et en général, ils sont sans aucun papier d'identité, même à un âge très avancé. Cela concerne plusieurs milliers, voire des millions d'Africains, car en Afrique, la population analphabète est la plus nombreuse. Or, la plupart des sans-papiers africains en Afrique font partie de la population analphabète. Les causes et les conséquences d'une situation désastreuse.
Les causes de la non-déclaration des grossesses et des naissances en Afrique
Cette situation s'explique par plusieurs facteurs parmi lesquels l'ignorance et les superstitions.
L'ignorance parce que plusieurs familles ne sont pas informées sur le fait qu'une grossesse doit toujours être déclarée aux services sanitaires, mais aussi à l’administration. Les superstitions parce qu'en Afrique, on pense toujours qu'il ne faut jamais ébruiter un début de grossesse à cause du mauvais œil. En effet, pour la cosmogonie ambiante, protéger le futur bébé à naître et sa famille du mauvais sort consiste à maintenir secrète la grossesse de sa mère jusqu'à l'accouchement.
Autres facteurs explicatifs des non-déclarations de grossesses et des naissances : l'absence de couverture sanitaire et l'isolement rural.
Étant donné que la majorité des populations africaines ne sont pas couvertes par l'assurance maladie, plusieurs choisissent d'accoucher en dehors des maternités et hôpitaux pour éviter les frais de dépenses liés aux ordonnances et à la prestation du personnel soignant.
Du coup, les grossesses et les naissances dans cette frange de la population sont ignorées par l'administration.
En outre, l'isolement rural est lui aussi un facteur de risque aggravant dans le phénomène de non-déclaration de grossesses et de naissances. En effet, en grande partie, les milieux ruraux manquent de structures administratives et sanitaires. Les routes aussi sont défectueuses, ce qui ne facilite pas la circulation et les liaisons avec les structures administratives et sanitaires dans les villes. De ce fait, au sein des populations rurales, les grossesses ne sont pas déclarées à l'administration, les naissances non plus. C'est d'ailleurs la population la plus exposée aux mortalités en couche.
Les conséquences de la non-déclaration des grossesses et des naissances pour l’État sont catastrophiques en Afrique.
Les conséquences de la non-déclaration des grossesses et des naissances en Afrique
Avec la non-déclaration des grossesses et des naissances en Afrique, on ne peut pas dire que les États Africains ont la maîtrise de leur démographie. En effet, à cause de ce fléau, les États africains ne savent même pas le nombre exact des habitants de leurs pays respectifs. Dans ce contexte, il est difficile de tenir avec fiabilité un état-civil en Afrique car on ne sait pas qui naît, ni qui meurt, puisque même tous les décès ne sont pas enregistrés à l'état-civil.
Le plus grave pour les États africains, suite au phénomène de la non-déclaration des grossesses et des naissances se situe au niveau même de l'organisation des politiques publiques.
Dans ce monde moderne fait de projections et de prévisions, les pays africains ne peuvent pas prévoir avec exactitude combien d'enfants naîtront sur une année, en vue de calculer les moyens devant être affectés à ces derniers. Du coup, l'efficacité des politiques publiques et la sincérité budgétaire des États africains sont difficiles à garantir. En effet, les pays africains ne savent pas le nombre de nouveaux-nés qu'ils accueilleront durant l'année en cours et durant les années suivantes : ni même le nombre des décès qu'ils ont enregistrés durant l'année passée et l'année en cours. Il est donc difficile, voire impossible d'établir des programmes pluriannuels par exemple, en matière d'éducation nationale et même en matière d'emplois.
Les politiques à court, moyen et long termes sont véritablement compromises par la non-maîtrise de la démographie au niveau national.
Autant dire que la modernisation de l'action publique en Afrique ne doit pas négliger l'aspect démographique. Avoir la maîtrise de sa démographie, c'est aussi savoir combien d'habitants on a, à présent, et combien on en aura l'année suivante. Le président de la République Française, Monsieur Emmanuel MACRON a soulevé insidieusement ces questions récemment, suite à une question d'un journaliste, au cours d'une conférence de presse. Il avait donné des réponses exactes, par des analyses systémiques convaincantes, en sa qualité d'économiste expert.
Hélas ! Ses propos pourtant pertinents ont été déformés par la presse, ce qui a suscité des polémiques inutiles. Quel dommage !