En France, depuis un ou deux ans, la scène politique connaît un bouleversement avec les titres adoptés par deux Partis politiques. Il s'agit de La République En Marche et de La France Insoumise. Au commencement était En Marche. Puis, En Marche est devenu La République en Marche. Et, La République En Marche a donné naissance aux Marcheurs. De même, et sur la même période, naissait La France insoumise, et La France Insoumise a engendré les Insoumis. Par ces désignations de ces deux nouveaux Partis politiques français, c'est la Politique française qui a pris une autre tournure, par le passage de l'abstrait au concret, et les changements sont immédiatement perceptibles, ce qui n'est pas sans rappeler l'ère révolutionnaire.

La politique française passe de l'abstrait au concret, les changements sont perceptibles

Le passage de l'abstrait au concret de la Politique française est caractérisé premièrement par les nouvelles appellations de ces deux Partis politiques émergents, la République En Marche et la France Insoumise. En effet, en jetant un coup d’œil dans le passé, on remarque que depuis la Troisième République jusqu'au 20è siècle, et plus récemment au 21è siècle, les désignations des Partis politiques sont surtout marquées par une certaine idéologie. En témoigne la classification des Partis politiques français en deux grandes catégories politiques qualifiées de «Gauche» et «Droite». Sans être informé, on a du mal à comprendre la signification des désignations «Gauche» et «Droite».

A la limite, on s'imagine qu'elles véhiculent une certaine idée de la politique. Ce qui renvoie à l'idéologie, et rend pour ainsi dire, la compréhension de la notion de politique assez complexe. Mais, là, où, la notion d'idéologie est la plus observable en politique française, c'est dans l'appellation ancienne même des Partis politiques depuis la Troisième République à aujourd'hui : le Boulangisme (Les Boulangistes), le Bonapartisme (Les Bonapartistes), le Communisme (Le Parti communiste), le Conservatisme (Les Conservateurs), le Légitimisme (Les Légitimistes), le Nationalisme (Les Nationalistes), l'Orléanisme (Les Orléanistes), le Royalisme (Les Royalistes), le Socialisme (Les Socialistes)...etc.

On peut bien le remarquer, le point commun de ces différentes appellations, c'est leur terminaison par «isme» qui connote un potentiel d'idéologie. De ce fait, elles sont des notions abstraites, dont la compréhension est difficilement accessible. Il en résulte que sur cette période (IIIème République – 21ème Siècle), l'engagement des citoyens dans la politique était réservé à une certaine classe sociale ; cet engagement politique ressemblait alors à l'adhésion d'initiés à un dogme de type religieux ou à une société de nature ésotérique.

Et cela se voyait dans la pratique politique même ; car les femmes et hommes politiques avaient un certain statut social, un certain niveau intellectuel, ils sortaient de l'ordinaire, et leurs discours étaient des plus obscurs, des plus abscons, des plus sibyllins. Or, récemment, l'émergence des deux nouveaux Partis politiques montre que ces derniers sont en nette rupture avec le passé. En effet, avec les appellations «La République En Marche » et «La France Insoumise », on a quitté les qualifications abstraites des Partis politiques pour des qualifications beaucoup plus concrètes. Ce qui simplifie beaucoup de choses dans la compréhension de la notion de politique. La Politique française subit alors des changements avec des effets immédiats.

Les changements d'un tel revirement sont perceptibles en ceci que finalement, les Insoumis et les Marcheurs ont renouvelé le paysage politique français par l'émergence de nouvelles personnalités dans l'arène politique. Et puis, la politique française n'apparaît plus aujourd'hui comme la chasse gardée d'une élite. Au contraire, le citoyen lambda peut participer à la politique. Ce constat se vérifie au niveau de l'Assemblée Nationale avec l'entrée dans l’hémicycle de femmes et hommes peu expérimentés en politique. A ce titre, on a parlé d'une vraie révolution. Et, à juste titre.

Un changement qui n'est pas sans rappeler l'ère révolutionnaire

Il est indiscutable que la vraie révolution demeure dans l’appellation même de ces deux nouveaux Partis politiques car ils nous ont fait passer de l'abstrait au concret, impulsant ainsi une dynamique dans la compréhension même de la politique.

Mais surtout, là, où les Marcheurs et les Insoumis nous renvoient à l'ère révolutionnaire, c'est que leurs appellations font penser à la période révolutionnaire du 18ème Siècle avec les Clubs de pensée comme les Jacobins, les Girondins, les Montagnards, les Thermidoriens, ...etc. Tout se passe comme si les Marcheurs et les Insoumis allaient nous faire basculer dans une nouvelle ère, pour nous faire vivre des sensations nouvelles avec une nouvelle vision du monde, sans tomber dans les excès de Robespierre, Marat et les autres, en faisant l'économie des guerres de chiffonniers.

Ainsi, lorsque Jean-Luc Mélenchon des Insoumis prend la parole et qu'il s'adresse à la foule au cri de «Les Gens», il nous fait penser à Marx avec ses recommandations sur la lutte des classes, en même temps qu'il nous projette dans la Rome Antique avec le Patriciat et la Gens.

Par ailleurs, à entendre la Marcheurs, on a l'impression de se retrouver dans la Grèce Antique avec les Péripatéticiens, disciples d'Aristote, allant et venant à travers la cité pour dispenser leur connaissance.

En définitive, avec les marcheurs et les Insoumis, la Politique française a retrouvé ses lettres de noblesse, et elle fait désormais, véritablement rêver !