Invité de l'Émission politique de Léa Salamé jeudi dernier et en Conseil national des Républicains deux jours plus tard, Laurent Wauquiez a posé les bases de la vision de la droite qu'il compte imposer dans la sphère politique française. Une position qui pourrait se révéler à double tranchant.
Après les échecs électoraux monumentaux qu'elle a connues à la présidentielle et aux législatives, la droite s'est trouvée depuis décembre un nouveau chef en la personne de Laurent Wauquiez. Et pour redresser la barre du navire LR à la dérive, le président de Région Auvergne-Rhône-Alpes a opté pour la remise à plat la ligne politique du parti.
Un retour aux sources et une plus grande mise en lumière des valeurs traditionnelles portées par la droite est en route.
Un discours qui divise déjà à droite
Depuis sa prise des rennes à la tête du parti Les Républicains, l'ancien maire de Puy-en-Velay n'a de cesse de rappeler qu'il ne retient personne au sein de sa famille politique. Pas de langue de bois pour ceux qui penseraient s'opposer à lui et pas de discours fédérateur comme il est de coutume pour tout nouveau patron, mais une position claire et ferme à laquelle tous doivent s'arrimer. C'est, selon Wauquiez, le seul moyen de redevenir vraiment audible.
Et si ce positionnement récolte déjà du succès dans une certaine frange de la "droite dure", le risque de radicalisation reste bien présent.
Dans un parti qui s'était habitué à voir coexister de grandes figures politiques, la ligne défendue par Wauquiez pourrait bien accoucher d'une profonde sectarisation de la droite qui lui serait préjudiciable.
Des promesses intenables
Le plus gros risque dans une perspective de retour au Gouvernement reste la diabolisation du parti au travers d'un discours rageux.
Et il faut dire que pour la remise en selle du parti LR, Laurent Wauquiez ne se prive pas dans ses attaques au président de la République, Emmanuel Macron, qu'il juge trop laxiste sur les sujets qui touchent à l'identité française et quelque part injuste avec la part la plus modeste de la société. Sur l'immigration comme le pouvoir d'achat, l'élu de province se fait déjà fort de promesses fermes dont pour l'heure on ignore encore les moyens de leur mise en oeuvre.
Comme, il le rappelle lui-même, il a pris acte des nouvelles réalités politiques en France et adapte ses convictions en conséquence. Un raisonnement qui devait amener à la longue à un durcissement de ton inquiétant.
Le Front National reste bien implanté
Les sujets sensibles, il ne fait aucun doute que Laurent Wauquiez n'a pas peur de les évoquer. Tout au contraire, le président de Région Auvergne-Rhône-Alpes a décidé de ne plus laisser le monopole des débats sur les valeurs traditionnelles de la France au Front National. Si avec son parti, le patron LR bénéficie d'une image plus flatteuse, le FN dispose d'un positionnement certain sur le terrain. Difficile donc à long terme de s'imprimer dans l'espace politique sans être perçu comme une réplique de l'extrême droite incarnée par Marine Le Pen.