Le système éducatif français, de l’école maternelle à l’Université, est l’objet de tous les fantasmes et de toutes les réformes possibles. Une variable récurrente : l’inadaptation actuelle de nos élèves et étudiants au marché du travail. Les niveaux secondaire et supérieur de l’enseignement pâtiraient des inégalités fortes que l’on rentre à la maternelle et dans le primaire. La non-maîtrise des fondamentaux (lecture, orthographe, calcul) constitue un frein réel pour la réussite d’une partie de la population française. Dans tous les classements internationaux (type PISA), la France régresse, même si la recherche a des valeurs sures comme la médaille Fields en mathématiques, le député LREM Cédric Villani, ou le Prix Nobel d'Economie Jean Tirole.
Le Président Macron a pris acte de ce fait et a commencé les réformes (réduction des effectifs des classes surtout dans les ZEP). Il poursuit sa réforme de l’enseignement. Cette réforme met en évidence trois catégories d’analyse : le bac, l’université et le marché du travail. Le 24 janvier, l’Universitaire Mathiot, ancien directeur général de Sciences Po Lille, a rendu un rapport au Ministre Blanquer qui fait déjà l’objet de quelques oppositions car certains estiment que la réforme du bac est une transformation radicale du lycée qui va devenir l’antichambre de l’Université au Marché du travail.
Les réformes sont à peu près connues; disparition des filières S, ES, et L , mise en œuvre d’un examen terminal dominé par quatre matières, deux majeures et deux mineures, et un oral dont le jury est formé par deux enseignants et un intervenant extérieur.
L’esprit de la réforme est là. Il faut maintenant attendre les modalités d’application pour en préciser le contenu. Un problème réel : le financement des Universités.
La réforme du lycée va soulever de nombreux problèmes à l’Université
- L'accueil d'une classe nombreuse qui aura son bac car les effectifs augmentent mais la problématique des locaux demeurent une problématique importante.
- La capacité des Universités à répondre à chaque étudiant pour expliquer le refus de leur recrutement.
- La mise en place des systèmes de remédiation exigés par la réforme du Bac à moins de les créer l’intérieur des lycées, mais là encore le Ministre Blanquer a le document en main et doit y réfléchir.
- La problématique du financement des Universités pour accueillir une masse toujours plus importante venant du secondaire. La réforme de 2007 consacre l’autonomie financière des Universités. Les Universités françaises ont créé des fondations pour résoudre leurs problèmes de financement. Malheureusement le compte n’y est pas et il y a des inégalités fortes entre Universités. La France, selon le rapport récent rédigé par Sophie Bejean et Bertrand Monthubert in Stratégie nationale de l’enseignement supérieur pour une société apprenante), consacre 1.5% de son PIB à l’enseignement supérieur (moyenne de l’OCDE 1.6%). Les Etats Unis et le Canada consacrent 2.7% et 2.8% de leurs PIB à l’éducation. En Allemagne et dans les pays nordiques d’Europe, l’éducation est gratuite.
Comment résoudre le défi du financement pour que la réforme du bac ne soit pas un obstacle pour les étudiants ?
Faut-il augmenter les droits d’inscription ?
Les auteurs du rapport cité en amont estiment que cela est socialement et politiquement difficile, même si l’économiste Nicolas Baverez estime qu’il faut emprunter ce chemin. D’autres estiment qu’il faut augmenter les droits d’inscription des étudiants dont les parents ont des revenus très élevés, tout en augmentant les bourses des plus défavorisés.
Il faut introduire de la discrimination positive. C’est un débat qui ne fait que commencer.
Pour ma part, je pense qu'il faut approfondir la filière professionnelle à l’Université et mettre en place un nouveau modèle de partenariat entre l’Université et les grandes entreprises qui se plaignent de ne pas avoir de la main d’œuvre qualifiée en fonction de leurs objectifs de production, mais qui ne font rien pour prendre leur part dans la formation du portefeuille de compétence et d’expérience des étudiants.
Les entreprises françaises doivent profiter de la réforme de l’apprentissage pour proposer un nouveau modèle d’organisation et de financement des Universités. La mondialisation exige des employés formés, éduqués professionnellement, capables de s’adapter aux nouvelles technologies et surtout à la numérisation des activités économiques et sociales.
Les entreprises (surtout les grandes) savent faire. Elles peuvent identifier leurs besoins et ensemble, avec l’Université, bâtir un chemin réussi pour l’insertion des étudiants dans le marché du travail.