Les Noirs américains devraient être contents de la critique positive et mondiale faite à propos du film "Black Panther", réalisé par un réalisateur noir, Ryan Coogler, avec des acteurs, tous noirs, comme Chadwik Boseman, Michael Jordan, Lupita Nyong’o ou Danai Gurira. Tout le monde est en pâmoison devant ce film de super héros noirs dans un territoire imaginaire, le Wakanda, jamais colonisé ni esclavagisé. Les Noirs y bâtissent une société technologique de renom. Les mondes du cinéma et politique s’en donnent à cœur joie, les Noirs, pour une fois, viennent de prouver à la face de Hollywood qu’ils étaient capables de transgresser une règle non écrite selon laquelle les films dont les acteurs sont noirs ne fonctionnent pas au box-office en termes de recettes.
Dans ce film "Black Panther", c’est tout le contraire, les compteurs s’affolent : 350 millions de dollars de recettes, on file tout droit vers les 500 millions après quelques jours de sortie.
Michelle Obama y va de son tweet sur la fierté d’être noire, le Noir qui doit être le héros de sa propre histoire. Ce film élimine-t-il la ségrégation, les inégalités dans la société américaine envers les afro-américains ? Contribue-t-il à une évolution des mentalités vis-à-vis de la communauté noire, hier esclavagisée, qui a réussi malgré tout à porter Obama à la présidence des Etats Unis ? Le lien avec Obama est net, car il était africain de père kenyan et de mère blanche américaine. Le film "Black Panther " valorise aussi l’Afrique comme matrice d’origine des Noirs américains.
Des Blacks Panthers au film "Black Panther"
Les Blacks Panthers fut un mouvement révolutionnaire de libération afro-américain, créé le 15 octobre 1966 par Bobby Seal et Huey Newton en réponse à la politique ségrégationniste des gouvernements américains successifs contre les Noirs dans les années 1950-1960. Cette lutte pour les droits civiques s’inspire des revendications de la NAACP (National association for advanced of coloured people, formée en 1909 pour la défense des droits civiques avec des figures émergentes comme E.B Du bois, Mary White-Ovington et Moorfield Storcy).
Martin Luther King, assassiné le 4 avril 1968 à Memphis (Tennessee), a apporté aussi sa pierre à la consolidation des droits civiques des Noirs aux Etats Unis. Sur le plan social et économique, la situation des Noirs aux Etats Unis laisse à désirer. Tous les indicateurs concernant le pouvoir d’achat, le logement et la délinquance montrent que les Noirs américains n’ont pas encore réussi leur émancipation économique.
La communauté hispanique sur le plan démographique dépasse la communauté noire et des tensions manifestes entre ses deux communautés apparaissent. Que peut apporter le film « Black Panther » à la compréhension de la situation réelle des Noirs dans la société américaine ?
La filmographie de « Black Panther » veut valoriser la diversité, la réussite technologique et la capacité donnée à chaque américain d’être acteur de son histoire
La plupart des commentateurs du film « Black Panther » ont placé le film sous le sceau de la diversité et de la controverse argumentative vis-à-vis de Trump qui, en déclarant « Make America great again », souhaite fermer la parenthèse de la présidence de Obama et de la mixité dépassant le simple cadre des Noirs américains.
Trump n’a jamais caché son intention de remettre les Blancs (selon la terminologie américaine) au centre du pouvoir politique et économique. On peut ne pas être d’accord avec Trump, mais les faits sur le terrain le montrent. Comment un film comme « Black Panther » peut-il impacter positivement l’identité des Noirs américains dont certains refusent leurs origines africaines ? D’ailleurs, Obama, pendant sa première campagne électorale, a été houspillé par le Pasteur Baptiste Jessie Jackson sur ses origines africaines. Trump en a remis une couche en se demandant s’il était réellement américain. « Black Panther » vient clore ce questionnement en montrant le lien entre l’Afrique et les Noirs américains.
En France on se réjouit de ce film pour la diversité. Le Président du Cran (Conseil représentatif des associations noires de France), Louis-Georges Tin, ne s’y est pas trompé en se déclarant que ce film valorise positivement l’imaginaire et l’impensé des Français vis-à-vis des Noirs de France. C’est une réponse a minima car un film ne suffit pas à lui-seul pour décrire l’évolution des mentalités, même si celui-ci y contribue. Il reste aux afro-américains de tout faire pour que la communauté noire aux Etats Unis ne se contente pas du seul film Black Panther et se prenne en charge sur tous les plans politique, économique et social pour affirmer leur américanité indiscutable.