Il est comme cela Wauquiez, tellement prévisible et tellement insaisissable. En prenant la direction des LR et en refusant d’emblée les primaires à droite pour 2022, Wauquiez a choisi une stratégie du pire : se victimiser et créer un clivage profond entre la droite et le Chef de l’Etat. Le passage sur BFM TV face à Ruth Elkrief était pathétique et tellement désolant pour la sincérité du message politique que Wauquiez veut donner à voir aux Français. Il s’est platement excusé auprès de Sarkozy et le Canard Enchaîné de ce mercredi 21 février 2018 rapporte des propos peu amènes de celui-ci concernant Wauquiez.

Il a dit qu’il assumait tout et son seul regret est d’avoir dit des choses pas très élégantes vis-à-vis de Sarkozy qui, selon Wauquiez, mettait tous ses Ministres sous écoute avant le Conseil des Ministres. Vis-à-vis de Pécresse, il a dit que c’est une joke (une plaisanterie sur le ton du badinage), Pécresse appréciera. Concernant Juppé et les guignols de députés de LREM, il a assumé ses propos. En effet, Wauquiez construit une stratégie politique pour 2022 car, très peu connu, par le grand public, il veut d’abord rassurer le noyau dur de son camp LR et éventuellement faire venir à lui les déçus de droite du Macronisme et certains militants extrémistes du Front national, sachant que Marine Le Pen n’est plus la candidate idoine pour ces militants pour 2022.

Wauquiez n’est pas Sarkozy qui, en 2007, avait réussi à siphonner les voix de l’extrême droite, mais Wauquiez essaie de mimer Sarkozy dans la façon de parler, d’avoir les mêmes tics en bougeant les épaules et en reformulant les questions posées par la journaliste.

Clivant, Wauquiez assume peu, malgré sa transgression

Wauquiez construit en fait une stratégie politique qui vise à faire du vide autour de lui au sein de l’appareil politique LR.

Il s’est entouré des jeunes quadras qui peuvent être considérés comme des godillots (et on ne dira pas guignols), qui lui obéissent comme un seul homme avec le doigt sur la couture du pantalon ou de la jupe. Wauquiez construit une stratégie de clivage. C’est un sacré pari qu’il revendique, qu’il veut tenir jusqu’en 2022, d’abord au sein de son parti, même s’il parle de rassemblement, et vis-à-vis d’Emmanuel Macron.

Wauquiez est très peu intéressé par les élections européennes. Le principe de la liste nationale ne lui fait pas peur et on peut parier que ce ne sera pas lui qui la conduira car il ne veut pas abîmer son image, compte-tenu de son pessimisme sur l’Europe, à la différence d’Emmanuel Macron. Le cap et l’horizon de Wauquiez sont 2022. Aura-t-il d’ici à cette date consolidé sa base électorale en siphonnant les voix du Front national, car ses amis traditionnels du centre s’éloignent progressivement de lui et de LR ? Les municipales de 2020 vont peut-être devenir les premières élections qui marquent la fin des accords électoraux entre LR et le centre droit qui n’hésite pas à critiquer la posture du Président des LR.

Wauquiez devrait se concentrer sur l’essentiel face à Macron, au lieu de passer beaucoup de temps à valoriser sa propre image

Le Président Macron chute dans les sondages, la plupart des Français ne sont pas d’accord avec une partie de sa politique. On sent monter une grogne chez les agriculteurs, dans la France périphérique, dans les territoires et les zones rurales qui se sentent délaissées. La plupart des salariés français demandent des augmentations de salaire et la grogne liée à la hausse de la CSG est permanente chez les retraités. Wauquiez a produit des tracts fustigeant la politique de Macron en matière de pouvoir d’achat. 500 000 tracts ont été tirés, les militants LR sont absents sur les marchés et l’efficacité de ces tracts est proche de 0 car, pendant quatre jours, Wauquiez a sciemment organisé ce buzz politique pour exister.

Il ne fera croire à personne qu’il était innocent et que cela ne paraîtrait pas dans la presse alors que le maître mot pour des étudiants en école de management, c’est la communication. Pour l’instant Wauquiez a tiré le premier coup. On attend d’avoir les autres coups et on peut se demander quelle sera la nature de ces coups. Sur un plan moral, quand il accuse Darmanin, qu’il apporte des preuves concrètes et réelles. Finalement Wauquiez, en transgressant et en assumant, essaie de chausser les bottes de Macron du nouveau monde, un Wauquiez qui parle cash mais qui, malheureusement, appartient tellement au vieux monde politique dont il essaie de se débarrasser des oripeaux.